OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Juste fais le. http://owni.fr/2012/06/16/pses-juste-fais-le/ http://owni.fr/2012/06/16/pses-juste-fais-le/#comments Sat, 16 Jun 2012 08:00:43 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=113638

Seconde journée du festival Pas Sage En Seine, l’évènement qui réunit hackers, geeks de tous poils et partisans de l’Internet polisson, du côté de la Cantine, à Paris. Après une journée en forme de rappel des fondamentaux, les intervenants sont entrés dans le dur. Ou plutôt, dans le faire.

Pour un Internet polisson !

Pour un Internet polisson !

Contre un Internet policé, choisissons l'Internet polisson ! C'est en gros le message de Pas sage en Seine, festival de ...

Car si l’intérêt d’un Internet libre et ouvert a été décliné sous toutes les formes au cours de la journée d’introduction, il s’agit de démontrer comment, concrètement, l’application des théories pouvait contribuer à créer de multiples projets. De l’inévitable encyclopédie collaborative en ligne Wikipédia aux monnaies alternatives, en passant par de petits robots dirigés par des lignes de code.

La palme du do it yourself le plus ardu du jour revenant sans doute à l’atelier “reverse engeneering” : un cours interactif pour apprendre à dépecer un malware, ce genre de petit programme qui peut pourrir votre ordinateur de bien des manières, afin de le comprendre et, éventuellement, de l’anéantir. Une conférence d’utilité publique, à destination d’un auditoire averti, susceptible de décrypter (pardon, déchiffrer) des phrases telles que “voilà un snapshot de la machine” ou “on a des batchs qui tournent.”

La carte et le territoire

C’est Gaël Musquet, d’Open Street Map, qui a inauguré cette journée travaux pratiques. Afin d’indiquer aux enfants terribles de Pas sage en Seine comment participer au mieux à ce projet d’envergure internationale, qui ambitionne depuis 2004 “de créer une carte libre du monde.” Une initiative rendue possible par le pouvoir du Net :

Longtemps réservée aux élites, la cartographie s’est vulgarisée grâce à Internet. Google a révolutionné, il y a quelques années, avec ses logiciels, la possibilité de voir des photos aériennes de son quartier, de sa maison… Open Street Map et sa communauté permet de prolonger l’expérience de ces utilisateurs, qui ne sont plus des consommateurs, mais qui deviennent des producteurs.

Gael Musquet (Open Street Map) // Pas sage en Seine 2012 (avec Bluetouff en guest) from Owni on Vimeo.

Une appropriation du territoire par les cartes qui a visiblement séduit les trublions de Pas sage, qui n’ont tout de même pas manqué de demander si on pouvait “repérer les putes sur une carte”. En s’inquiétant au passage de voir Gaël Musquet porter une chemise : ”c’est la DCRI ?”

Okhin pendant la séance de questions à la fin de son intervention sur le MEATSPACE - (cc) Ophelia Noor

La DCRI, ou direction centrale du renseignement intérieure, qui a récemment pris langue avec un certain Okhin, membre de Telecomix et intervenant survolté autour des questions de meatspace, cyberspace et autres questions d’identité, d’intimité et de territorialité. Questions qui résonnent avec les pratiques des habitants d’Internet. Et qu’il développe ici pour nous :

Okhin (Telecomix) et le “meatspace” // Pas sage en Seine 2012 from Owni on Vimeo.

Fin de journée sous le signe du hack appliqué au journalisme. Premier volet, Kitetoa et Bluetouff de Reflets.info, ainsi que Jean-Marc Manach sont revenus en longueur sur la cybersurveillance et les fameuses barbouzeries d’Amesys en Libye. Second exemple, Alexandre Léchenet, du Monde.fr, a rejoint les trois intervenants précédents pour montrer les apports du hacking au journalisme. Illustration à l’appui avec l’enquête sur les dépassements d’honoraires des médecins en Ile-en-France. Alexandre Léchenet a aspiré la base de donnée Ameli. Le résultat est assez surprenant. Et ne nécessitait pas d’intrusion, ni talents de hacking hors du commun.


Photographies par Ophelia Noor pour Owni


Retrouvez tous les jours :

- le live de Silicon Maniacs

- les vidéos des conférences sur le site de la Cantine

- merci à Maël des Maniacs pour le matériel /-)

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http://owni.fr/2012/06/16/pses-juste-fais-le/feed/ 5
[visu] En 2012, Internet n’existe pas http://owni.fr/2012/04/20/visu-en-2012-internet-nexiste-pas/ http://owni.fr/2012/04/20/visu-en-2012-internet-nexiste-pas/#comments Fri, 20 Apr 2012 20:40:36 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=107218 OWNI vous propose en ce week-end électoral. L'occasion de faire le bilan de cette campagne pas très net. En marge des coups de com' et effets d'annonce, petites phrases gentilles sur les générations numérisées et grandes vérités sur la société de l'information, question projets et propositions, pas grand chose.]]>

Cette fois, c’était la bonne. En 2012, la campagne se jouerait sur Internet. Les politiques étaient formés. Les Français, prêts et connectés. Les équipes de communication itou. On allait voir ce qu’on allait voir !

En fait, on a rien vu. De pichrocholines polémiques en guéguerre de communication. Retour sur une campagne définitivement pas très net, comme le détaille la grande infographie au bas de cet article.

Côté com’, on a mené la danse. Les multiples conseillers et expert ès ”social media”, depuis longtemps dans les starting-blocks, ont tenu leur promesse. La presse s’est vu inondée de leurs analyses sur le rôle de Facebook ou de Twitter dans la campagne présidentielle. A grands renforts de chiffres recensant les nombre de “fans” et de “followers”, d’études comparatives et de diagrammes analytiques des “buzzs”.

Une campagne pas très net

Une campagne pas très net

Après Facebook, Twitter. Accusée ce week-end d'avoir censuré des comptes parodiant le président sortant, l'équipe de ...

L’intérêt médiatique s’est révélé si conséquent qu’il s’est même attardé sur la communication portant… sur la communication elle-même. Facebook suspecté de courir pour Nicolas Sarkozy, Twitter fermant certains comptes parodiant ce même candidat : l’e-boucle était bouclée, les équipes de campagne de chaque parti passant un temps fou à communiquer sur leurs pratiques et celles de leurs petits camarades.

Ainsi fond fond fond

Au final, du bruit sur du bruit. Qui n’a pas apporté grand chose au Net lui-même. Car sur le front du fond, le débat n’a pas été très réjouissant. Le numérique a quasiment été inexistant dans les médias généralistes. Même Libé, dans sa une consacrée aux grands dossiers oubliés de la campagne a laissé Internet sur le bord de la route.

Dans une analyse datée de ce jour, le think tank Renaissance Numérique estime qu’Internet “ne représente que 5% des contenus [...] mentionnant les candidats à la présidentielle” en ligne, ajoutant “qu’il n’est quasiment abordé que pour parler de culture ou de réseaux sociaux (80% des contenus relatifs au numérique).”

Il est vrai qu’en dehors du Net envisagé comme pur support de com’, c’est l’affrontement – ou l’étrange florette – des politiques et lobbys culturels qui ont occupé les journalistes chargés de comprendre le sacro-saint “après-Hadopi”. En dehors de ces clous, seule la pénalisation de la consultation des sites terroristes, portée par le candidat-président au sortir de l’affaire Merah, a vaguement pu atteindre les foyers français. L’occasion pour le président-candidat de rappeler son approche sécuritaire du réseau, qu’on croyait oubliée depuis l’abandon des velléités d’“Internet civilisé” et les multiples “je vous ai compris” distribuée en 2012 à l’e-public. Bref, rien de très nouveau sous le soleil et les bits.

Loin d’être en tête des fameuses “préoccupations des Français”, Internet, ou le numérique, n’est pas un investissement rentable dans une campagne électorale. Et surtout sur le fond. Le fait qu’une Eva Joly s’affiche avec l’un des gourous du logiciel libre n’a sans doute pas impacté ses intentions de vote. Et Jean-Luc Mélenchon a beau haranguer les foules à la Bastille en chevrotant “il ne sera plus jamais permis de faire Hadopi”, le candidat du Front de Gauche s’emportait facilement dès qu’il s’agissait d’entrer dans le détail.

Zone à risques

Car en plus d’être peu porteur, Internet est aussi labellisée zone à risques. Si peu d’électeurs semblent conditionner leur vote au positionnement numérique des candidats, ceux qui prêtent attention à la thématique sont exigeants. En maîtrisent la complexité : les méandres des conditions de diffusion d’une œuvre sur Internet, l’historique des dispositions législatives visant le réseau, l’avancement de la couverture haut et très haut débits en France.

Une exigence qui fait peur : la moindre déclaration est passée à la moulinette et la moindre erreur repérée, analysée, contextualisée. Une difficulté supplémentaire pour des présidentiables déjà peu acculturés au sujet, qui peut rapidement se retourner contre eux, et “faire le buzz” d’un jour ou d’une semaine sur les réseaux.

En cette fin de campagne, aucun des candidats n’incarne pleinement les aspirations d’une “communauté Internet” balbutiante en France. Leurs équipes, pourtant, ont pour la plupart fourni un travail conséquent. A droite comme à gauche : la compétence ou l’enthousiasme des exécutants n’est pas déterminée par l’appartenance politique.

OWNI a visualisé les prises de positions numériques de celles et ceux qui se présentent à votre suffrage ce dimanche. Sans prétention à l’exhaustivité, mais en mettant en avant les thématiques qui ont suscité quelques clivages. En balayant large, mais sans s’aventurer sur l’éducation ou la santé, sur lesquelles les propositions sont trop disparates et complexe pour être résumer à un simple “pour/contre”.

L’occasion de jeter un dernier coup d’œil éclairé aux propositions des candidats, dont vous trouverez le détail en survolant l’image (cliquez dessus pour la visualiser en grand format) :


Illustrations CC Loguy

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Hollande entreprend la culture http://owni.fr/2012/03/02/culture-hollandaise/ http://owni.fr/2012/03/02/culture-hollandaise/#comments Fri, 02 Mar 2012 09:22:17 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=100394 Le Monde, le candidat socialiste affirme sa proximité avec les grands entrepreneurs culturels. Et enterre toute possibilité de licence globale. Surtout, selon nos informations, cette tribune reprend des recommandations des différents lobbys de la culture.]]>

The battle for copyright (La bataille du copyright) par Christopher Dombres (cc)

François Hollande veut rassurer les auteurs. Et leurs représentants. C’est tout le sens d’une tribune publiée ce jour dans Le Monde, selon nos informations, confirmées par la direction de campagne. Avec ce message en antienne :

La gauche a toujours soutenu la création artistique et les créateurs.

Problème mineur

Si le candidat socialiste rappelle ces “principes essentiels”, c’est pour, indique-t-il, “aborder la question de la loi Hadopi qui fait débat.” A ce titre, le projet de tribune est sans ambiguïté : l’objectif est affiché dès les premières lignes. Et il consiste moins à définir le mécanisme de protection des droits d’auteurs que défend François Hollande, qui arrive bien plus tard dans le texte, qu’à assurer la communauté de la production culturelle des bonnes intentions du PS. A la manière d’un Nicolas Sarkozy à la tribune de l’e-G8, le candidat socialiste se place “dans la lignée de Beaumarchais”. Un cap, une “philosophie” qui, garantit-il, “ne changera pas” car :

La gauche soutient le droit des auteurs, tant moral que patrimonial, aujourd’hui comme hier.

L’apéritif terminé, François Hollande rentre dans le dur. Et affirme :“Je soutiendrai tous les dispositifs qui nous permettent de défendre notre culture, mais aussi notre économie : soutien à la production et à la création, gestion collective des droits, adaptation et protection de la chronologie des médias, lutte contre les contrefaçons, rémunération pour copie privée, défense des plateformes numériques innovantes.”

Et entame la partie indigeste : Hadopi. En gros, rien de nouveau : Hadopi a coûté cher, n’a pas contribué au financement de la création, soulève des questions en termes de protection de la vie privée ; critiques déjà formulées lors de sa première sortie sur le sujet en tant que candidat officiel du PS à la présidentielle, à Nantes, en janvier dernier. Le détail en revanche, est plus intéressant. Ainsi François Hollande avance qu’il “ne pense pas que la seule répression soit la réponse au problème posé.”. Ajoute que s’il ne faut pas “opposer [...] les créateurs et leur public”, “la protection des auteurs est également prioritaire”. Articulant les deux morceaux d’un “mais que les choses soient bien claires” bien senti. Et lâche un fatidique :

nous ne considérons pas le piratage comme un problème mineur. Nous soutiendrons et rendrons plus efficaces les actions judiciaires visant à tarir à la source la diffusion illégale des oeuvres protégées.

Enterrant ainsi définitivement toute éventualité de dépénalisation du téléchargement illégal. Car si la phrase vise d’abord les sites de streaming illégaux, rien n’interdit qu’elle inclue également les échanges peer-to-peer non marchands. Dont la légalisation avait été un temps envisagée, et même présentée comme un élément du programme de François Hollande par son équipe en charge de la culture, qui a depuis fait machine arrière.

Le 25 janvier dernier, Didier Mathus affirmait dans Le Nouvel Obs que “tous les dispositifs de répression de l’Hadopi [seraient] abandonnés” et que François Hollande opterait pour une licence globale en lieu et place d’Hadopi. Problème : aucun de ses points n’apparaît dans le programme paru dès le lendemain. Pire, son point 45, consacré à l’Hadopi, est par la suite modifié sous l’impulsion de la direction de campagne. “La genèse est simple : la proposition, rédigée tôt, ne collait pas avec le discours d’Hollande”, justifie une responsable à OWNI.

Hadopi en sursis

Hadopi en sursis

À la faveur de l'affaire Megaupload, l'opposition entre droits d'auteur et Internet s'est installée au nombre des sujets de ...

Visiblement, le mot “usagers” posait problème. “L’article 45 a été réécrit car le mot ‘usagers’ a pu prêter à confusion : les gens comprenaient ‘internaute’ a récemment expliqué Fleur Pellerin, responsable numérique de François Hollande, à Libération. Or un ‘usager’, c’est celui qui utilise, et en l’occurrence qui utilise les plateformes légales. Donc l’idée n’était pas du tout de dire que l’internaute va être mis à contribution ; c’était de dire que les usagers vont participer au financement de la création via les plateformes légales sur lesquels ils vont payer des œuvres ou des abonnements, ou via des plateformes gratuites financées par la publicité.”

En clair : ceci est tout sauf dela licence globale, ce mécanisme consistant d’une part à autoriser les échanges non marchands et d’autre part à financer les auteurs via un mécanisme similaire à la redevance. Un mécanisme décrié et vertement rejeté par les tenants de l’industrie culturelle. Qui ont bien fait leur boulot.

L’étrange note de Monsieur Jack

La pression des ayants-droit sur les équipes du candidat PS a pris plusieurs chemins. Une note lui a ainsi été directement envoyée par le cabinet de Jack Lang à l’Assemblée nationale. L’occasion pour l’ancien ministre de la Culture, toujours enclin à défendre ce milieu, de faire savoir son opposition frontale à toute forme de licence globale. Opposition que François Hollande semble aujourd’hui partager. Au moment de son ralliement au candidat pendant la primaire, Jack Lang avait d’ailleurs souligné la proximité de leur position respective sur Hadopi.

Les métadonnées de cette étrange note indiquent qu’elle a été rédigée par Jean Cazès, producteur de films et membre du Club européen des producteurs, un lobby de l’industrie cinématographique. Véritable charge, cette “Note à l’attention de François Hollande sur Hadopi et la licence globale” démarre sur les chapeaux de roue :

La licence globale n’est pas une solution appropriée à la piraterie des œuvres musicales, audiovisuelles, cinématographiques, et bientôt des livres.

La suite est à l’avenant. Après avoir comparé la légalisation des échanges non-commerciaux de contenus audiovisuels au fait de “donner un accès libre et gratuit aux boulangeries, ou aux fast-foods”, l’auteur rappelle l’incompatibilité de la licence globale “avec les traités internationaux dont la France est signataire, en matière de droit d’auteur”. Traités qui empêcheraient la mise en oeuvre de cette alternative à côté de laquelle “rien ne pousse, rien ne peut exister”, à tel point qu’elle provoquerait “la mort assurée de la télévision payante et du téléchargement légal”. Rien que ça.

En conclusion, il est conseillé au candidat socialiste de faire évoluer l’Hadopi, “dont l’efficacité est limitée, même si sa valeur symbolique est importante”, en affirmant “que la solution ne saurait être une licence globale”, comparée pour enfoncer le clou une dernière fois à “un danger mortel”.

Les lobbyistes à la manœuvre

Les préconisations transmises par Jack Lang à François Hollande ne déplairaient sans doute pas à Pascal Rogard, omniprésent directeur général de la puissante Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), fondée en 1777 par… Beaumarchais. “Jack Lang pense comme moi”, nous assure-t-il, avant de préciser que dans le cadre d’une présidentielle, il est normal pour une institution qui défend les droits des auteurs de rencontrer les candidats. Un lobbying assumé et détendu, pour faire pendant à ce qu’il qualifie “d’hystérie anti droit d’auteur”. Cette mission peut se mener au grand jour, comme lorsque la SACD fait parvenir une lettre à François Hollande, qui lui répond dans la foulée [PDF]. Ou lorsqu’avec la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) elle lance un site Internet visant à promouvoir ses propositions.

Mais comme souvent, le plus intéressant se trame dans l’ombre. La révision du point 45 semble être issue de ce type de lobbying feutré. Court-circuitant Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin, les représentants des ayants droit sont allés directement frapper à la porte du directeur de campagne. Pierre Moscovici aurait entendu les arguments d’un Pascal Rogard, selon lequel “quand on autorise quelque chose en matière d’Internet, on ne s’arrête pas aux frontières de la France”. Avant même d’avoir pu émerger, le débat sur la possibilité d’une forme de licence globale ou de contribution créative est enterré.

Les représentants du disque, du cinéma et du livre ne sont pas en reste dans cette lutte d’influence auprès du candidat socialiste. Dans un article récent, Libération évoquait le lobbying actif de Florence Gastaud, déléguée générale de la Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP). Plusieurs personnalité du monde de la culture ont également leur relais auprès du candidat. On se souvient de la “lettre des cinéastes” à François Hollande publiée à l’initiative du réalisateur Bertrand Tavernier.

Ces multiples tractations aboutissent donc aujourd’hui à une clarification du candidat socialiste sur la question du droit d’auteur à l’ère numérique. Rejetant toute reconnaissance des échanges non marchands, François Hollande compte mettre en place le fameux “Acte 2 de l’exception culturelle française” en mettant tous les acteurs autour d’une table. Gageons que lobbyistes des industries culturelles et défenseurs des ayants droit sauront s’y faire une place, tant en France qu’au cours d’hypothétiques “Assises européennes des industries culturelles sur Internet”, que le candidat appelle également de ses vœux.


Illustration par Christopher Dombres (CC-BY)

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Une campagne pas très net http://owni.fr/2012/02/21/une-campagne-pas-tres-net/ http://owni.fr/2012/02/21/une-campagne-pas-tres-net/#comments Tue, 21 Feb 2012 19:29:10 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=99355

“Sarkozy : une entrée en campagne fracassante”. La manchette tapageuse du dernier Figaro week-end pourrait tout aussi bien coller au web. Depuis que celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le nom s’est officiellement déclaré candidat à sa réélection, le 15 février dernier, l’Internet français (aussi) s’est emballé. Et n’entend plus parler que de lui : Nicolas Sarkozy sur Facebook, Nicolas Sarkozy sur Twitter, Nicolas Sarkozy ad libitum. Des débuts assourdissants. Ni marrants, ni réellement emballants. Entre mini-polémiques et passes d’arme, la campagne sur le réseau rase le sol, plus proche du caniveau que de la haute expertise en matière d’interouèbe.

Flux de polémiques

Facebook aime Nicolas Sarkozy

Facebook aime Nicolas Sarkozy

Facebook est accusé par le Parti socialiste de favoriser le candidat Sarkozy en le conseillant pour sa campagne. Un coup de ...

Tout a commencé avec la vraie-fausse affaire d’État mouillant Facebook et l’Élysée. La firme américaine s’est retrouvée sous le feu socialiste, accusée d’avoir tout mis en œuvre afin que le président sortant soit le premier candidat français à lancer sa “timeline”, le chemin de vie made in Facebook, en ses temps électoraux. Si François Hollande n’a pas pâti de ce favoritisme présumé, les relations resserrées du Palais et des équipes du réseau social sont depuis longtemps avérées. Et semblent bel et bien avoir entravé la créativité d’autres prétendants au fauteuil présidentiel, tel Dominique de Villepin.

Au-delà de son aspérité formelle, le “timelinegate” révèle sur le fond l’image que les équipes de la webcampagne sarkozyste se font d’Internet et de ses usages. Aseptisée. Pas faute de s’être entouré de spécialistes : deux équipes web à l’UMP et au QG du candidat, qui compte l’ancien conseiller numérique de la présidence, Nicolas Princen. Le tout appuyé par une agence de communication digitale, emakina. Un “panzer numérique” dont l’expertise semble en décalage avec les cultures numériques.

Sur Facebook, un profil présidentiel où l’interaction se limite aux seuls “j’aime”. Commentaires persona non grata. Sur Twitter, aujourd’hui dans le viseur médiatique, un compte @NicolasSarkozy rapidement “vérifié” (une procédure fermée au grand public), qui fait l’album de campagne du candidat. Et qui simule une certaine proximité avec les internautes, en signant quelques messages “NS”, pour Nicolas Sarkozy. Y compris au beau milieu d’un déplacement à Annecy, où il aurait réussi à causer avec la Maison Blanche “via web” (autrement dit, pas sur son téléphone) entre le fromage et le dessert.

Un compte qui a aussi fait table rase des usurpateurs. En clair : tout est propre, tout est cadré. Rien ne dépasse.

Au QG de campagne, on ne se cache pas d’être intervenu sur Twitter pour faire un peu le ménage. Interrogé par OWNI, un membre de l’équipe s’empresse néanmoins d’assurer n’avoir signalé au site “que les comptes qui ont repris l’orthographe exacte de ‘Nicolas Sarkozy’ sans préciser leur contenu parodique”. “Au nom de la transparence que l’on doit aux internautes” ajoute-t-il. Drôle de conception pour un réseau foutraque comme Twitter, où les profils sérieux côtoient les plus absurdes, et où les faux comptes parodiques y poussent en paix comme des champignons.

Dans son règlement, Twitter précise intervenir si des imitations sont susceptibles “d’induire en erreur, de prêter à confusion ou de tromper autrui”, afin de se préserver de toute usurpation d’identité. Et pour peu qu’on lui signale. Mais n’en accepte a priori pas moins l’art du pastiche.

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

Internet is serious business

Problème : les comptes récemment fermés par Twitter étaient soit manifestement parodiques (@_NicolasSarkozy), soit satiriques et hostiles à la politique du président sortant (@sarkocasuffit ou @mafranceforte). Au QG de Nicolas Sarkozy, on dément formellement être intervenu pour la fermeture de ces comptes. Un étrange hasard attribué à l’action de certains militants, qui auraient signalé en masse les profils incriminés via la procédure “report as spam”. “On respecte les règles du jeu, poursuit-on du côté de la rue de la Convention, la culture Internet, c’est aussi la parodie. On la joue à la régulière.”

Régulière ou pas, la fermeture de comptes ambigus atteste déjà de la communication strictement bordée du candidat Sarkozy sur Internet. Exit les autres contenus : les internautes sont soumis à l’injonction de consommer le seul flux officiel et labellisé. Et s’il s’avère que l’équipe de campagne a fait fermer des comptes anti-Sarkozy, ses velléités de contrôle s’apparenteront simplement à de la censure.

Certains n’hésitent d’ailleurs pas à employer le terme : ce week-end, le hashtag #sarkocensure a fleuri sur Twitter à la suite de la suppression de ces comptes. Les explications données par le site aux utilisateurs lésés ne faisant que renforcer les soupçons de partialité. Ainsi le propriétaire du compte @_NicolasSarkozy, créé en 2010 et pourtant décrit comme “compte parodique”, s’est vu accusé par la firme américaine de “commettre une usurpation d’identité non parodique.” Devant la levée de bouclier, il a finalement été réactivé.

Je te censure, moi non plus

Il n’en fallait pas moins pour que le PS s’engouffre dans la polémique. Dans un communiqué, une porte-parole de François Hollande a aujourd’hui dénoncé la fermeture de ces comptes, en rappelant l’attachement du candidat à “un Internet neutre”. Sans que des propositions concrètes aient encore été proposées en ce sens, la responsable numérique du PS Fleur Pellerin gardant le silence sur le sujet.

La veille, l’affaire tournait à la guéguerre entre socialistes et sarkozystes. Par articles interposés, chacun a joué au petit jeu du “je te censure, moi non plus”. Matthieu Creux, militant UMP affiché, a ainsi affirmé – pièces à l’appui – que le compte parodique @droledegauche, dont il est à l’origine, avait subi les foudres des avocats du PS en août dernier. Une action qui atteste selon lui “d’une volonté forte de la part du Parti Socialiste de vouloir faire taire l’humour politique sur Internet.” Réponse du berger à la bergère sur le site du Nouvel Obs, où l’un des responsables web de Solferino, Émile Josselin, explique que le compte @droledegauche était allé trop loin, justifiant ainsi d’entamer une démarche juridique :

D’un compte militant de droite à l’humour discutable, mais finalement de bonne guerre, on bascule soudain dans la volonté de nuire délibérée.

Ces derniers jours, c’est le “google bombing” qui monopolisait les observateurs de la campagne présidentielle sur Internet. La manœuvre, qui consiste à lier sur Google un ou des mots clés à un site Internet, a d’abord visé le candidat Hollande : l’expression “incapable de gouverner” renvoyant à son site de campagne. Puis le site de l’UMP, auquel a été lié les mots “on va tuer la France”.

Sarkozy détourné de son image

Sarkozy détourné de son image

Sitôt publiée, l'affiche de campagne de Nicolas Sarkozy a été détournée. André Gunthert, chercheur sur l'image et le ...

Il y a cinq ans, la campagne s’était illustrée par la prolifération de ce genre de coups bas sur Internet. Interrogés dans le cadre de l’enquête Partis en ligne, les responsables web de l’UMP comme du PS nous avaient assurés récuser ces pratiques. Aspirant à une plus grande profondeur, souhaitant éviter les “petites phrases” pour aller vers du contenu de qualité et une relation plus approfondie avec “les internautes”. Nous étions alors en octobre, à l’orée de la campagne. Qui a déjà de faux airs de 2007.

Et pendant ce temps-là, les internautes sont morts de rire. Dès sa mise en ligne, ils se sont emparés de l’affiche de Nicolas Sarkozy. La détournant à l’envi et se poilant en chœur, bien loin de ces bisbilles de communicants.

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Facebook aime Nicolas Sarkozy http://owni.fr/2012/02/15/nicolas-sarkozy-candidat-facebook-timeline-presidentielle/ http://owni.fr/2012/02/15/nicolas-sarkozy-candidat-facebook-timeline-presidentielle/#comments Wed, 15 Feb 2012 20:46:16 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=98680 Nicolas Sarkozy est en campagne. Info qui ne vous aura pas échappée tant l’artillerie lourde a (déjà) été déployée en termes de communication. Y compris sur Internet. Aujourd’hui, c’est Twitter qui en a fait les frais : en lançant son compte officiel, le président sortant a fait une razzia. Plusieurs milliers d’abonnés en quelques heures. Quelques jours plus tôt, il réécrivait son histoire sur Facebook, à l’aide d’une drôle de timeline, nouvelle façon de mettre en page un compte sur le réseau social. Petit ramdam de webcampagne qui a tourné à la grosse affaire : l’entreprise américaine est aujourd’hui suspectée de courir pour le poulain Sarkozy. Pas forcément à tort.

Une “aide technique et intellectuelle”

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

A l’origine de l’accusation, le clan de François Hollande : c’est Fleur Pellerin, la responsable du pôle numérique, qui a dégainé la première. Dans un mail adressé à des représentants de Facebook France, elle juge “inacceptable” l’implication du réseau social “dans la campagne présidentielle française”, évoquant une “aide technique et intellectuelle” rendue aux équipes de Nicolas Sarkozy. Faveurs dont n’aurait pas bénéficié François Hollande.

Un échange dont le chroniqueur Frédéric Martel, proche du Parti Socialiste, s’est fait le relais dans L’Express. Dans un article publié hier, il revient longuement sur ces supposées liaisons dangereuses qu’entretiendraient l’Élysée et Facebook. Dans le viseur : Nicolas Princen, le monsieur numérique de la présidence, et Emakina, l’entreprise en charge de la communication de l’UMP sur Internet, qui aurait également raflé le contrat du candidat Sarkozy pour la campagne. Tout deux auraient bénéficié de sérieux coups de pouce de la firme américaine pour la mise en place de la fameuse timeline :

l’entreprise aurait mis à la disposition de l’Élysée ou de l’UMP des conseillers pour prendre en main les nouvelles fonctionnalités – aide dont aucun candidat à la présidentielle n’a pu bénéficier. L’équipe de Nicolas Princen à l’Élysée aurait ainsi travaillé directement avec Facebook pendant plusieurs mois pour élaborer cette Timeline.

Sarkozy attaque Internet

Sarkozy attaque Internet

Nous avons cartographié le réseau d'influence sur Internet du Président de la République - le plus puissant comparé aux ...

Cette fonctionnalité a été officiellement présentée par Facebook à un public de développeurs le 22 septembre 2011. Frédéric Martel écrit que les équipes de Nicolas Sarkozy planchaient sur le projet dès “septembre”, sous-entendant une antériorité mais sans donner plus de précisions sur la date. Une avance qui aurait donné un sacré coup de booster à la webcampagne, alors en préparation, du président sortant, dont les équipes du Parti Socialiste se plaignent de ne pas avoir bénéficié. Sans pour autant en pâtir directement.

L’équipe de la campagne web de François Hollande nous assure en effet ne pas avoir été intéressée par ce type de fonctionnalité, préférant au storytelling la mise en place d’outils de mobilisation. Par ailleurs, une telle page Facebook ne nécessite pas d’intervention particulière des équipes techniques du site. Des milliers de particuliers ont choisi faire “basculer” leur profil sur cette mise en page depuis décembre. “L’affaire” est donc moins une question de préjudice avéré que de principe ; rien ne dit que Facebook n’aurait pas tout autant aidé au développement d’une timeline pour le candidat socialiste. Si la polémique semble quelque peu montée en épingle, les accointances entre le Palais et une partie des équipes de Facebook France sont bien réelles.

Palo Alto et Sarko sont dans un bateau

S’il les dément officiellement, Nicolas Princen se vanterait en coulisse d’avoir d’excellentes relations avec Palo Alto, siège du réseau social. Qui pèseraient déjà pour 2012. Il est également très proche de Julien Codorniou, directeur des partenariats de la firme en France. Contactés par OWNI, les deux jeunes hommes gardent le silence, Julien Codorniou se contentant de renvoyer vers le cabinet de lobbying Apco, qui gère la communication de Facebook France, et assure “partager les mêmes informations avec toutes les personnalités publiques qui souhaitent utiliser Facebook [...]. En toute impartialité.” En interne, en revanche, la situation fait grincer des dents. Et les informations du PS ne sont pas forcément démenties.
Rien ne semble néanmoins engagé pour tirer ces relations au clair. L’affaire n’est pourtant pas anodine : le code électoral français interdit à “une personne morale de droit étranger” de fournir à un candidat “des contributions ou aides matérielles.”

Partis… en quelques lignes

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Découvrez les bonnes feuilles de "Partis en ligne", l'eBook d'enquête sur les dessous et les enjeux numériques de la ...

En novembre 2010, Facebook serait déjà intervenu en faveur de Nicolas Sarkozy, (voir notre enquête Partis en ligne). A la demande de l’entrepreneur Jean-Baptiste Descroix-Vernier, membre du Conseil National du numérique institué en avril dernier par la Présidence, le site aurait supprimé des contenus, dont certains auraient été jugés particulièrement graves.

Coïncidences troublantes

Si le Parti Socialiste n’a pas directement fait les frais de ce favoritisme supposé, d’autres partis, en revanche, évoquent des coïncidences troublantes.

L’entourage de Dominique de Villepin en particulier nous informe avoir voulu utiliser la fonction timeline dès janvier. Impossible, le profil ayant été bloqué au motif de soupçons d’usurpation d’identité. Envoi d’une copie de la carte d’identité du candidat, mail aux équipes américaines : les démarches répétées de l’équipe de République solidaire n’y feront rien. Le 11 février, Nicolas Sarkozy est le premier homme politique français à utiliser la timeline. Une demie-heure plus tard, le profil de Dominique de Villepin est débloqué. En cause : Anne-Sophie Bordry, lobbyiste France et Europe du Sud de Facebook, qui aurait tardé à donner suite aux sollicitations. Personnalité d’autant plus suspecte qu’elle est passée par les cabinets d’Eric Besson et de Nathalie Kosciusko-Morizet, au temps du Secrétariat d’État à l’Économie numérique, de 2008 à 2010. Réaction laconique de l’intéressée, contactée par OWNI : “tout le monde est traité de la même manière”.

Ce que réfutent d’autres équipes de campagne. Celle de François Bayrou explique que malgré plusieurs rencontres avec Facebook France, elle n’a bénéficié d’aucun conseil visant à la mise en place de la fameuse timeline. Quant au directeur de la communication de Jean-Luc Mélenchon, Arnauld Champremier-Trigano, il ironise sur son profil Facebook : “Je précise à la direction de Facebook que je suis joignable sur mon inbox pour leurs offres de service”.

Au Parti Socialiste, on insiste :

On est assez troublé de la manière dont ça s’est passé et on s’attend à ce que Facebook France s’explique.

Avant de conclure :

Le combat va être rude, et à tous les niveaux.

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Hadopi en sursis http://owni.fr/2012/02/03/le-flou-de-lapres-hadopi/ http://owni.fr/2012/02/03/le-flou-de-lapres-hadopi/#comments Fri, 03 Feb 2012 18:49:50 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=97094

Après avoir prononcé les mots fatidiques de “suppression d’Hadopi” devant un parterre de journalistes réunis aux Biennales internationales du spectacle (BIS) de Nantes, nous pensions que François Hollande s’était enfin décidé sur le sort à réserver à la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) en cas de victoire socialiste en mai prochain.

Finis les tergiversations et les rétropédalages, bye-bye les “je veux une suppression mais en fait non”. Sauf qu’il n’en est rien. Si le candidat PS entend tourner la page de l’Hadopi, sa mise en oeuvre demeure des plus opaques. Et reste au cœur d’un bras de fer sans merci entre les pôles culture et Internet de l’équipe de François Hollande.

Changement de programme

Le point 45 du programme n’y change rien : on a beau le retourner dans tous les sens, il donne peu de détails sur l’orientation souhaitée.

Je remplacerai la loi Hadopi par une grande loi signant l’acte 2 de l’exception culturelle française, qui conciliera la défense des droits des créateurs et un accès aux œuvres par internet facilité et sécurisé. La lutte contre la contrefaçon commerciale sera accrue en amont, pour faire respecter le droit d’auteur et développer les offres en ligne. Les auteurs seront rémunérés en fonction du nombre d’accès à leurs œuvres grâce à un financement reposant sur les acteurs économiques qui profitent de la circulation numérique des oeuvres.

L’explication de texte n’apporte pas davantage. “L’acte 2 de l’exception culturelle française” ? “C’est remettre la culture dans les priorités des politiques publiques en organisant dans un premier temps des Etats généraux de la culture à l’ère numérique” nous indique Aurélie Filipetti, chargée de la Culture dans l’équipe de François Hollande. Rémunération des auteurs en fonction de la consultation de leurs oeuvres ? “L’une des idées est de mettre en place un portail qui n’est pas la licence globale mais un modèle beaucoup plus fin et complet”. Limpide.

Le trac électoral de l’Hadopi

Le trac électoral de l’Hadopi

2012 se fera avec la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), c'est ...

Mis à contribution dans une première version publique du programme, les usagers se retrouvent finalement exclu du dispositif. Le point 45 a en effet été soumis à un toilettage de dernière minute, repéré par la secrétaire nationale de l’UMP en charge du numérique, Laure de la Raudière. Reposant d’abord “sur les usagers et sur tous les acteurs de l’économie numérique”, le financement des auteurs puise au final au seul puits des industriels du numérique : fournisseurs d’accès à Internet, constructeurs de logiciels et entreprises comme Apple ou Google. C’est d’ailleurs l’unique point qui semble faire consensus dans les rangs hollandistes, et ce malgré les atermoiements des professionnels du secteur (une tribune aujourd’hui inaccessible sur Le Monde).

La suppression de la contribution financière des usagers vient enterrer les velléités de licence globale. Et porte un sacré coup aux positions du pôle Culture de François Hollande.

L’équipe a pourtant tenté le passage en force. L’un de ses lieutenants, Didier Mathus, confiait au NouvelObs que François Hollande penchait en faveur de la licence globale, la veille même de la présentation officielle de son programme. Assurant que dépénalisation des échanges privés (en peer-to-peer) et contribution financière des internautes, piliers du dispositif de licence globale, seraient les deux mamelles de la politique culturelle du candidat socialiste sur Internet. Sauf que rien n’indiquait une telle orientation dans son programme présenté le lendemain. Pire : face à la levée de boucliers des ayant droits, le clan Culture s’est lui-même désavoué. Dans une interview à La Tribune, Aurélie Filippetti a clairement nié vouloir mettre en place la licence globale, précisant qu’un tel dispositif ne concernerait que les seuls étudiants. Sans plus de précision.

Il n’en fallait pas davantage pour que la responsable numérique de François Hollande, Fleur Pellerin, porte l’estocade à sa rivale. Non pas sur la contribution financière, mais sur le second volet de la licence globale : la légalisation des échanges hors marchand. En déplacement au grand raout de l’industrie de la musique, le Marché international du disque et de l’édition musicale (Midem), elle a affirmé lundi :

Il n’y aura pas de légalisation des échanges illicites.

Une façon de satisfaire aux attentes de ses interlocuteurs du moment tout en s’affirmant face à l’entourage d’Aurélie Filippetti. Enième prise de bec entre les deux femmes, qui s’étaient opposées dès leur nomination. La responsable culture avait alors déclaré“sur Hadopi, c’est moi”, après que Fleur Pellerin se soit exprimée sur le sujet.

Martin Rogard est le fils de Pascal Rogard. Il est Directeur France du site Dailymotion

Les représentants des ayants droit ont su mettre à profit la division entre les deux chargées de pôles socialistes. Une stratégie payante pour ces farouches opposants à la licence globale. L’inévitable patron de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), Pascal Rogard, n’y est pas étranger. Présent aux voeux du Conseil national du numérique, qui réunissait le gratin du secteur, le vieux briscard, tapotant sur l’épaule d’un collaborateur de Fleur Pellerin, se réjouissait:

Tu es du bon côté de la force.

D’une lettre ouverte à François Hollande accompagnée d’une menace de pétition à un lobbying plus discret mais non moins efficace de la part des défenseurs du droit d’auteur, les réseaux jouent à plein. La responsable du pôle culture se rassure :

C’est un accouchement très douloureux, mais dans nos consultations, personne ne me dit que Hadopi suffit.

Et Aurélie Filippetti de constater :

Le péché originel, c’est d’avoir opposé les artistes à leur public. On est totalement à front renversé : ce sont les intermédiaires qui disent défendre les auteurs face à leur public.

Pas de contribution des usagers, pas de dépénalisation des échanges en peer-to-peer : tel est l’état des lieux du moment. Mais rien n’exclue un ultime revirement du candidat socialiste, qui semble aujourd’hui perméable aux fortes pressions des tenants du statu quo. Hadopi ou pas.

L’UMP aussi

Une indécision sur fond de crêpage de chignon qui fait les choux gras de la majorité. A l’occasion de ses traditionnels voeux à la Culture, Nicolas Sarkozy s’est engouffré dans la brèche en se disant “sidéré” par les positions de François Hollande. Idem pour l’UMP, qui s’est fendu d’une vidéo raillant les oscillations de son adversaire socialiste sur la question Hadopi. En charge de la communication au sein du parti, Frank Riester mitraille : “c’est dingue ! Dix ans d’opposition, cinq ans qu’on parle d’Hadopi et ils n’ont pas réfléchi à un dispositif pour financer la culture sur Internet ! Il n’y a aucune solution alternative !”. “Nous sommes très clairs de notre côté : nous poursuivrons la lutte contre la contrefaçon et nous assurerons une pédagogie pour changer les comportements et développer l’offre légale.” assure l’ancien rapporteur des lois Hadopi, également en charge des industries culturelles à l’UMP.

Sarkozy attaque Internet

Sarkozy attaque Internet

Nous avons cartographié le réseau d'influence sur Internet du Président de la République - le plus puissant comparé aux ...

Sauf que la majorité s’arrache aussi les cheveux sur Hadopi. Les dissensions du PS ne sont pas si éloignées de celles rencontrées à l’UMP : là aussi, ce sujet complexe et frontalier oppose tenants de la Culture et du monde numérique (voir notre app sur le sujet : “Sarkozy à l’attaque d’Internet”). En octobre dernier, la secrétaire nationale du parti en charge du numérique Laure de la Raudière s’opposait frontalement et publiquement à la proposition 40 du programme Culture de l’UMP [PDF], qui appelait à “faire contribuer les FAI au financement des industries de contenu autre que le cinéma.”

Dernièrement, c’est la véhémence du communiqué présidentiel réagissant à l’affaire Megaupload qui inquiète. Nicolas Sarkozy y faisait peu de cas du réseau, et de la manière de l’appréhender en cas d’atteinte aux droits d’auteur. Olivier Henrard, cheville ouvrière de la culture à l’Élysée et instigateur d’Hadopi, est formel : “la Culture est haut placée dans l’échelle de valeurs du Président.” De quoi agacer les représentants des intérêts numériques, qui redoutent l’emprise du conseiller sur le Palais. La perspective d’un “Hadopi 3”, aussi défendue par le chef de l’Etat, laisse songeuse une partie de la majorité.

Appelé à en préciser les contours, Franck Riester botte en touche : “c’est le Président qui, quand il se déclarera candidat, dira ce qu’il entend faire en ce qui concerne l’évolution d’Hadopi. Ce dont je suis sûr, c’est qu’il ne lâchera rien.”

Le clin d’oeil aux industries culturelles saura être apprécié. Pour autant, leurs lobbyistes ne facilitent pas le jeu de la majorité. Et en demandent toujours davantage. Hier, la SACD accentuait la pression en ouvrant un site Internet, Culture2012.org, pour pousser publiquement son agenda. Son “commandement n°1″ projette d’intégrer “le numérique et la société de l’information dans les prérogatives du ministère de la Culture et de la Communication”. Une proposition qui met Franck Riester mal à l’aise : “je ne suis pas clairement positionné là-dessus”, nous a-t-il confié. “Je suis assez favorable à une vision transversale, interministérielle. Choisir de rattacher le numérique à Bercy ou à la Culture, c’est déjà choisir son camp.”


Illustration et couverture par Marion Boucharlat pour Owni.fr

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Sarkozy attaque Internet http://owni.fr/2012/01/31/app-sarko-a-la-conquete-des-internets/ http://owni.fr/2012/01/31/app-sarko-a-la-conquete-des-internets/#comments Tue, 31 Jan 2012 08:44:26 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=96551 “Vous avez changé le monde.” Nicolas Sarkozy tend la main au peuple d’Internet. Nous sommes en mai 2011, à l’occasion de l’e-G8. Perdu en terre indigène, le président part en conquête. Sur cette île hostile à civiliser, il s’entoure. Les conseillers se placent. Internet est un enjeu politique, il devient objet de convoitises. Affole d’abord le comté de la Culture, qui craint de voir ses ressources dilapidées dans ce nouveau monde. Cette caste capte immédiatement l’oreille du chef de l’État. C’est le temps des grands travaux. Il faut au moins une Haute autorité. Ce sera Hadopi. Les autochtones n’ont pas été faciles à mater, mais l’institution qui contrôle la diffusion des oeuvres sur Internet n’en a pas moins été fondée. Son instigateur, Olivier Henrard, conseiller Culture à Élysée, veille sur le trésor de ses landes du haut de son Palais.

Ce butin protégé, le Château s’est mis à écouter les plaintes du peuple des dunes de l’Industrie. Délaissé un temps, ce territoire s’est progressivement révélé prodigue ; le Président attentif lui a donné un cénacle, le Conseil national du numérique (CNN), qui l’informe des desiderata des colons du numérique. Émissaire de choix, Jean-Baptiste Descroix-Vernier a oeuvré dans l’ombre à son instauration. Et n’a pas hésité à protéger le Prince des malandrins sévissant sur le réseau. Au Palais, un jeune pèlerin a pris du galon. De webmaster élyséen, Nicolas Princen est monté en grade : il est depuis mars 2011 “conseiller technique”, officieusement rattaché aux problématiques propres au Net. Il vient combler le vide laissé par Frank Supplisson, conseiller technique NTIC évacué de l’Elysée en avril 2008, qui sévit aujourd’hui sous l’étendard du ministre de l’Industrie Eric Besson. Sorti des tiroirs de Bercy pour atterrir dans le giron élyséen, le CNN est à la fois piloté par Nicolas Princen et le cabinet Besson. A l’Elysée le symbole, à l’Industrie la besogne.

La peuplade industrielle a eu son totem. Mais ce don n’est pas un désaveu du Comté de la Culture. Loin d’être laissées en friche, ses exploitations sont cajolées. En cette fin de mandat, Nicolas Sarkozy en a même appelé à une “collaboration judiciaire et policière active entre États” pour mieux les protéger. C’est dire.

La fin du quinquennat numérique approchant, d’autres lieutenants se font le relais politique de cette bienveillance culturo-sarkozyste. Sur les Plages du Parti, Franck Riester assure la diffusion de la bonne parole. Secrétaire national de l’UMP en charge de la communication, rapporteur en son temps des lois Hadopi, il gère les affaires culturelles. Et tente de se glisser dans le costume du Monsieur Net au parti majoritaire. Une place disputée par une autre responsable UMP, plus discrète, Laure de la Raudière. Secrétaire nationale en charge cette fois du numérique, l’ingénieur télécom tente de se faire une place au soleil, à grand renfort de rapports (sur la neutralité des réseaux, sur le très haut débit) et d’expertise. Mais le sérieux ne fait pas tout et la garde Culturelle du Palais dispose encore d’une place de choix à la droite du grand Manitou.

Sur cet isolat, où chacun tente de s’attirer les bonnes grâces du Château, le bon peuple du réseau  se fait rarement entendre. Au renouvellement du bail présidentiel de lui donner un porte-voix.

Et aux internautes de préparer le débarquement pour se réapproprier leur lande.


L’Elysée à la conquête du Net, une histoire à retrouver en détail dans l’ebook Partis en ligne, qui présente les stratégies numériques de Nicolas Sarkozy, de l’UMP et du Parti Socialiste.

Disponible également sur Amazon, et l’iBookstore.


Design de l’application par François Prosper et Karen Bastien [WeDoData] pour OWNI.FR
Contenu éditorial par Andréa Fradin, Guillaume Ledit et Olivier Tesquet
Couverture de Une à partir des travaux de François Prosper et remixée par la team design d’Owni

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Internet après la fin de Megaupload http://owni.fr/2012/01/21/megaupload-internet-apres/ http://owni.fr/2012/01/21/megaupload-internet-apres/#comments Sat, 21 Jan 2012 18:11:43 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=95019

Megaupload en une des grands quotidiens français : Le Monde, Libération, Le Figaro. Dans les JT nationaux de TF1, de France 2. Drôle de consécration pour un site de partage de fichiers, certes consulté par des millions d’internautes (de 7 à 15 en France par mois, selon les sources), mais jusque là cantonné aux articles des seuls sites d’info spécialisés. Sa fermeture, opérée dans la nuit du 19 au 20 janvier par le FBI, en a officialisé la popularité. Unanimité médiatique : c’est un “coup de tonnerre dans le monde de l’Internet.” Mais, passé l’orage, de quoi Megaupload est-il le nom ?

Nouvelle hiérarchie des valeurs

MegaUpload à la chaise électrique

MegaUpload à la chaise électrique

Le FBI a ordonné la fermeture de MegaUpload, un réseau de sites longtemps présenté comme l'un des principaux vecteurs du ...

L’effroi est moins à chercher du côté de Megaupload que de sa fermeture spectaculaire. Le site en lui-même n’a pas bénéficié d’un soutien massif. La désolation de millions d’habitués de la plate-forme, inquiets de ne plus pouvoir consulter séries, musique et autres produits culturels aussi aisément sur Internet, n’a pas donné suite à un mouvement d’adhésion. Les Anonymous ont bien riposté en réponse aux autorités américaines (“Le FBI n’a pas pensé qu’il pouvait s’en tirer comme ça, non ?”), l’ampleur du mouvement de soutien est bien moindre que celui qui avait accompagné, en son temps, WikiLeaks.

Benjamin Bayart, expert en télécommunications et défenseur de la liberté sur Internet, relativise : “faire tomber hadopi.fr, même un gamin avec un lance-pierres y arrive. Faire tomber Paypal en revanche [NDLR : le site de paiement en ligne avait été l’objet d’attaques après avoir stoppé toute collaboration avec WikiLeaks], ce n’est pas du même niveau. Au même titre que de nombreux militants en faveur des libertés sur Internet, qui dénoncent depuis longtemps les pratiques illégales et mafieuses de ce genre de plates-formes sur Internet, il souligne même la “très bonne nouvelle” que constitue la fermeture de Megaupload:

Je ne suis même pas certain d’être en désaccord avec la règle : Megaupload était objectivement mafieux. C’est une malfaisance pour la société, la police intervient, tant mieux. Par contre, je m’interroge sur les moyens déployés : pour fermer Megaupload, les autorités américaines ont mis en oeuvre des moyens supérieurs à ceux pour fermer Guantanamo. Le téléchargement illégal est donc jugé supérieur à la torture.

Le dispositif plus que la cible : voilà ce qui inquiète les observateurs attentifs du réseau. Du jour au lendemain, le site a disparu des cartes Internet, sous l’effet d’une décision unilatérale des autorités américaines. Et le couperet est tombé avec une simplicité déconcertante.

L’action, menée en collaboration avec une dizaine de pays à travers le monde, a justifié un communiqué de la Présidence française. Publié tard dans la nuit, la rapidité de la réaction officielle, ainsi que son ton solennel et autoritaire, ont surpris. Certains y ont même vu une erreur politique de la part de Nicolas Sarkozy. Ce qui est sûr, c’est que le chef de l’État a donné une valeur “impérieuse” à la fermeture d’un site bafouant le “financement des industries culturelles dans leur ensemble”. Officialisant ainsi, au même titre que les États-Unis, l’importance de la défense du lobby culturel sur Internet. En ce sens, la coupure de Megaupload peut être vue comme une nouvelle légitimation politique, spectaculaire et sans précédent, des intérêts du monde culturel face à ceux du réseau.

En France, le mouvement de Nicolas Sarkozy est éminemment électoraliste. Manoeuvre du pôle Culture de l’Élysée visant à répondre aux positions du candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, qui affirmait la veille face à des journalistes vouloir “la suppression d’Hadopi”, l’organe en charge de la protection des oeuvres sur Internet. Manoeuvre qui a forcé l’ensemble des candidats à considérer l’affaire Megaupload.

Les clés du net

La coupure brutale, mondiale et unilatérale de cette plate-forme pose une autre question : les États-Unis ont-ils les clés d’Internet ?

Le réseau, que l’on présente comme si difficile à atteindre, a ici été amputé d’une constellation de sites représentant 4% du trafic. Megaupload était l’un des 100 sites les plus consultés au monde. Tout sauf une broutille. Pour Benjamin Bayart, si la coupure est nette et facile, c’est en raison du caractère centralisé de Megaupload :

Megaupload était relativement facile à atteindre : le FBI a débranché tous les serveurs dans des pays où ils disposaient de bons accords. Même si le site avait des serveurs cache [NDLR : des serveurs qui rapprochent les contenus des utilisateurs] sur toute la planète et y compris en France, il suffit de couper la tête pour que ces serveurs ne servent plus à rien.

Au-delà de son caractère centralisé, sa fermeture relève néanmoins aussi de la “bonne volonté des pays”. “Les États-Unis sont intervenus sur les noms de domaines pour neutraliser ce site. Il suffirait de repérer les zones régies par les Etats-Unis et d’inciter les entreprises à aller sur d’autres zones pour leur noms de domaine. Et veiller à ce que l’Icann [NDLR: en charge de la gestion des noms de domaine] n’appliquent pas le droit américain du copyright sur toutes ces zones.”

Megaupload n’est donc pas l’hydre redoutable présentée dans les médias. D’autres sites en revanche, sont beaucoup plus redoutables pour les industries culturelles. “On peut fermer Megaupload. On ne peut pas fermer BitTorent”, poursuit Benjamin Bayart, évoquant une plate-forme populaire d’échange en peer-to-peer. “Pour couper BitTorent, il faudrait intervenir auprès de chacun des utilisateurs connectés. Et donc avoir plus d’agents fédéraux que d’internautes. Ça ne peut pas marcher. Et c’est injustifiable.”

C’est en ce sens que la Quadrature du Net, collectif militant pour la défense des droits sur Internet, voit en Megaupload la “créature” des “industries du copyright”. Un constat partagé par Benjamin Bayart : “cette mafia est le produit des ayant droits. Pas celui du réseau. Ils ont joué avec le réseau, voilà ce qu’ils ont obtenu.” A l’inverse du protocole peer-to-peer, Megaupload et consorts seraient ainsi des aberrations du net, centralisées et donc plus faciles à neutraliser pour les ayant droits. Même s’ils se reproduisent, ces monstres réticulaires sont toujours plus repérables et arrêtables que des millions d’individus interconnectés.

Pas besoin de MegaLoi

Ce qui pose la question des instruments juridiques utilisés pour lutter contre la diffusion illégale d’oeuvres protégées sur le réseau. Pour fermer Megaupload, les autorités américaines n’ont pas fait appel à des lois récentes. A peine font-elles référence au Digital Millenium Copyright Act qui date de 1998.

”On repasse à des moyens plus classiques d’action”, explique Cédric Manara, professeur de droit à l’EDHEC. Dans le cas Megaupload, les autorités s’appuient en particulier sur des procédures relatives au blanchiment d’argent, ou sur l’existence d’une Mega Conspiracy , conspiration qui correspond à une réalité dans le droit américain. Il reviendra à une cour de justice de se prononcer sur la validité de telles accusations.

En droit français, les ayant droits peuvent aussi s’appuyer sur un dispositif existant, l’article L 336-2 du code de la propriété intellectuelle, qui leur permet de demander au juge du tribunal de grande instance de mettre en place toute mesure appropriée pour faire cesser une atteinte à leurs droits. C’est sur la base de cet article qu’a récemment été décidé la fermeture du site de streaming Allostreaming.

Pourtant, dans le même temps, la législation sur les droits d’auteur à l’heure d’Internet continue d’enfler et est présentée comme terriblement complexe et difficile à mettre en oeuvre. Aux États-Unis, note Cédric Manara, sept nouvelles lois répressives ont été mises en place pour protéger les ayant droits au cours des quinze dernières années. Dernier exemple en date de cette inflation législative, les projets de lois Pipa au Sénat et Sopa à la Chambre des représentants, qui ont été reportés sine die. En France, l’Hadopi suscite toujours autant d’interrogation quant à son efficacité.

L’empire Hollywood attaque Internet

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Aux États-Unis, les lobbyistes des industries culturelles soutiennent plusieurs projets de loi pour renforcer les moyens de ...

Encore une question d’architecture des sites explique Benjamin Bayart : “il est très compliqué d’agir sur Internet uniquement quand c’est décentralisé.”

La vulnérabilité de sites centralisés tel que Megaupload pourrait encourager un retour à l’échange de fichiers en peer-to-peer. La guerre entamée depuis les années 1990 contre ce protocole a sans doute provoqué une modification des usages vers le téléchargement direct ou le streaming. Quand Nicolas Sarkozy se félicitait d’une baisse de 35% des échanges de fichiers illégaux en France, Megaupload enregistrait une croissance de ses utilisateurs similaires. Et démontrait simultanément une autre réalité : les internautes, pressés par la peur du gendarme fliquant le peer-to-peer, se sont mis à payer pour accéder à des oeuvres sur Internet. En 5 ans, Megaupload a engrangé 150 millions de dollars grâce à ses comptes premium, facturés entre 10 et 80 euros.

Reste à faire en sorte que ces revenus potentiels reviennent aujourd’hui aux créateurs. C’est l’enjeu de la mise en place d’une offre légale structurée et efficace. Mais là encore, la partie est loin d’être gagnée. Si elle existe pour la musique, avec Itunes, Spotify ou Deezer, pour ne citer qu’eux, elle demeure lacunaire en matière de films et de séries. Sur Megaupload, il était possible de regarder une émission le lendemain de sa diffusion aux Etats-Unis. Pour légaliser cette éventualité, les ayant droits devront accepter de revoir la chronologie traditionnelle des médias, ou accepter la mise en oeuvre d’autres mécanismes de rémunération, comme la licence globale.

Options rejetées, pour le moment.

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http://owni.fr/2012/01/21/megaupload-internet-apres/feed/ 60
MegaUpload à la chaise électrique http://owni.fr/2012/01/20/megaupload-fbi-sarkozy-anonymous-internet-cyberwar-fu/ http://owni.fr/2012/01/20/megaupload-fbi-sarkozy-anonymous-internet-cyberwar-fu/#comments Fri, 20 Jan 2012 09:22:07 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=94776

Ça sentait déjà le roussi. En ordonnant la fermeture de MegaUpload, les États-Unis ont embrasé Internet. Le site, une plate-forme d’échange de fichiers massivement consultée à travers le monde, représentait à lui seul 4 % du trafic mondial. Autant dire que la coupure a fait l’effet d’une bombe : pour beaucoup, la guerre du net est déclarée.

Le Département de la Justice américain accuse MegaUpload d’avoir mené une “entreprise de crime organisé, prétendument responsable de piratage en ligne massif et à l’échelle mondiale, à travers Megauplaoad.com et plusieurs sites apparentés, générant plus de 175 millions de dollars de profits criminels et privant ainsi les ayants droit de plus de 500 millions de dollars”.

Dans le secret de MegaUpload

Dans le secret de MegaUpload

Comptes offshore, sociétés à Hong Kong ou à Auckland, porte-parole mystère et pactole considérable dans des paradis ...

L’acte d’accusation de 72 pages (ci-dessous) vise sept membres de la galaxie MegaUpload, désignée comme ”Megaconspiracy”. Quatre d’entre eux ont été arrêtés dont le sulfureux fondateur du site, l’allemand Kim Schmitz aka Kim Tim Jim Vestor aka Kim Dotcom, dont nous avions décrit le juteux commerce publicitaire, abrité dans des paradis fiscaux et reposant sur ses sites de partage de fichiers. Ses compatriotes Finn Batato (directeur marketing), Mathias Ortmann (cofondateur et directeur technique) et le hollandais Bam van der Kolk (programmeur) sont également sous les verrous. Le slovaque Julius Bencko (graphiste), Sven Echternach (directeur commercial) et Andrus Nomm (programmeur) restent à cette heure toujours dans la nature. Ils risquent 20 ans de prison.

Anonymous à la manœuvre

Le FBI, en collaboration avec la Nouvelle-Zélande, Hong-Kong, les Pays-Bas, le Canada, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Philippines, a piloté l’opération. Selon le Wall Street Journal, les agents fédéraux se défendent d’avoir ordonné la fermeture de Megaupload en réaction “au blackout” organisée la veille sur Internet, pour contrer deux projets de lois américains qui prévoient un arsenal juridique renforcé pour lutter contre le piratage, Sopa et Pipa. Les arrestations auraient été menées plus tôt dans la semaine, sous les conseils des autorités néo-zélandaises, rapporte encore le quotidien américain. Une explication crédible au regard des délais de procédure pour mettre en œuvre une telle opération judiciaire aux États-Unis.

Blackout sur l’Internet américain

Blackout sur l’Internet américain

Pour protester contre une loi anti piratage, des sites américains, dont Wikipédia, sont aujourd'hui inaccessibles. Un ...

Megaupload coupé, la réaction ne s’est pas faite attendre. Un à un, les sites des lobbies des industries culturelles ont été rendus inaccessibles, tombés sous le coup des attaques dites “de déni de service” (DDOS). Recording Industry Association of America, qui représente les intérêts de l’industrie du disque, Motion Picture Association of America, pour ceux de l’industrie du cinéma, Universal Music, Vivendi, Warner ou même la Hadopi, en France : tout le monde y est passé, dans un même mouvement jubilatoire et désordonné.

Les sites du FBI, de la Maison blanche et celui du Département de la Justice, n’ont pas été épargnés. Il était toujours impossible de s’y connecter dans la nuit de jeudi à vendredi. Sur Twitter, l’équivalent de la Chancellerie réagissait :

Le Département agit pour s’assurer que le site soit disponible pendant que nous recherchons l’origine de cette activité considérée comme un acte malveillant.

Les Anonymous ont rapidement revendiqué ces attaques sous le nom de code “#opmegaupload”. Dans la nuit, le collectif protéiforme a publié un communiqué dans lequel on peut lire :

Nous lançons notre attaque la plus importante contre le gouvernement et les sites de l’industrie de la musique. Lulz. Le FBI n’a pas pensé qu’il pouvait s’en tirer comme ça, non ? Ils auraient dû s’y attendre.

Dans l’actuel climat de tensions extrêmes entre tenants d’un Internet libre et représentants des industries du copyright, la fermeture d’un site comme MegaUpload cristallise les positions des uns et des autres. Et provoque un afflux de réactions.

Sur Facebook, les commentaires pleuvent sous le dernier message posté sur la page officielle du FBI – sans que ce dernier ne soit relié à l’affaire. “Free Megaupload !” peut-on lire dans les dizaines de milliers de réactions. Même déferlante sur Twitter, où l’annonce de la fermeture du site, décidée par le seul gouvernement américain, a été l’information la plus relayée de la soirée.

On relève bien sûr le désarroi des nombreux abonnés Megaupload, qui s’inquiètent de ne pas pouvoir suivre leur série préférée. Plus sérieusement, beaucoup s’inquiètent du modus operandi américain. Tout en critiquant les pratiques illégales et l’organisation mafieuse du site, ils redoutent de voir Internet soumis au bon vouloir du FBI. Les prophéties annonciatrices de “cyberguerre” et “d’infowar” pleuvent comme des oiseaux morts. La fin de Megaupload a tenu tout le monde en haleine.

Sarkozy met Internet au coeur de la campagne

Y compris en France. Outre la mise hors service du site de l’Hadopi, institution en charge d’appliquer la loi en matière de protection des oeuvres sur Internet, l’Élysée s’est fendue d’un communiqué tard dans la nuit, félicitant l’initiative américaine.

La lutte contre les sites de téléchargement direct ou de streaming illégaux, qui fondent leur modèle commercial sur le piratage des oeuvres, constitue une impérieuse nécessité pour la préservation de la diversité culturelle et le renouvellement de la création. C’est le financement des industries culturelles dans leur ensemble qui est mis en cause par ce type d’opérateurs [...].
Le moment est donc venu d’une collaboration judiciaire et policière active entre États pour porter un coup d’arrêt à leur développement.

Partis… en quelques lignes

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Découvrez les bonnes feuilles de "Partis en ligne", l'eBook d'enquête sur les dessous et les enjeux numériques de la ...

Nicolas Sarkozy envisagerait de “compléter” la législation relatif au droit d’auteur sur Internet “par de nouvelles dispositions”, invitant “les ministres concernés ainsi que la Hadopi” à en étudier la possibilité.

La sortie est symbolique. Ces derniers mois, Nicolas Sarkozy a tenté de se racheter une virginité dans son approche de la thématique Internet. Abandonnant l’idée d’un “Internet civilisé”, allant jusqu’à avouer s’être “trompé”, et avoir généré des “crispations”. En particulier sur l’épineuse question de la protection et de la rémunération des oeuvres sur le réseau. Malgré son mea culpa, son positionnement manquait néanmoins de clarté : ses positions simultanées, en faveur d’une Hadopi 3 et d’une lutte plus étroite contre le streaming, étaient venues brouiller les cartes. Prompt à dégainer dans l’affaire MegaUpload, Nicolas Sarkozy semble avoir donné un sens limpide à sa perception du réseau. Et des menaces qu’il incarne, en particulier à l’encontre de la Culture. Tant pis pour l’image geek-friendly. Et tant pis pour Internet.

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http://owni.fr/2012/01/20/megaupload-fbi-sarkozy-anonymous-internet-cyberwar-fu/feed/ 58
Partis… en quelques lignes http://owni.fr/2012/01/16/partis-en-ligne-bonnes-feuilles-ump-elysee-ps/ http://owni.fr/2012/01/16/partis-en-ligne-bonnes-feuilles-ump-elysee-ps/#comments Mon, 16 Jan 2012 16:34:36 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=94134

Partis en ligne, sorti cette semaine chez OWNI Éditions analyse les rapports qu’entretiennent l’Élysée, le Parti Socialiste et l’UMP avec Internet. Il est le fruit de six mois d’enquête par deux journalistes d’OWNI, Andréa Fradin et Guillaume Ledit. A l’aube de la campagne, ils font le point sur le positionnement et les stratégies des deux principaux partis de la vie politique française. Livre numérique, il fera l’objet d’une mise à jour au cours de la campagne, afin notamment d’analyser ce qui se met en place du côté des autres candidats.

Cet ouvrage est aujourd’hui en ligne sur notre boutique au prix de 4,49€, et au format PDF (le format ePub sera disponible d’ici la fin de la semaine).

Les bonnes feuilles de Partis en ligne

Ci-dessous un extrait issu de la dernière partie de Partis en ligne, intitulé “Présidentielle.com”, qui analyse les stratégies de communication sur les réseaux du PS et de l’UMP :

La machinerie UMP

C’est à un véritable Panzer auquel on a affaire au siège du parti majoritaire, rue de la Boétie à Paris. Terminées les initiatives maladroites et coûteuses. On prône l’ouverture et on vise l’efficacité. Du changement donc, notamment depuis l’arrivée de Jean-François Copé à la tête de l’organisation, il y a un peu plus d’un an. Son équipe a notamment mis fin à l’incroyable aventure des “Créateurs de Possibles”. Ce réseau social ouvert à tous était le “projet phare de la stratégie de modernisation du mouvement populaire”, selon les mots de l’ancien secrétaire général Xavier Bertrand. Portée par le président des Jeunes populaires Benjamin Lancar, cette plate-forme sur laquelle chacun pouvait proposer des “possibles”, propositions d’actions ou de réformes, est l’un des échecs les plus retentissants de ces dernières années en termes de communication politique. Développé par l’agence Isobar et ayant coûté la bagatelle de plus d’un million d’euros, le site ferme à peine plus d’un an après son lancement, avec moins de 15 000 inscrits. Un échec qui aurait pu être évité. À l’heure des réseaux sociaux de masse, créer un site complémentaire n’était pas pertinent : les électeurs potentiels sont sur Facebook, ou Twitter.

Le fameux lipdub des jeunes UMP peut également s’analyser comme le symptôme d’une communication sur Internet pour le moins pataude. La vidéo, pleine de clichés et emprunte de ridicule, faisait chanter en playback ministres et jeunes militants.

Des initiatives à oublier, donc. Pierre Chassat, directeur adjoint à la communication du parti, en convient : il s’est retrouvé avec “un terrain web un peu dévasté”. Sous les ordres de Jean-François Copé, qui presse afin que le numérique prenne une place importante en 2017, il réorganise l’équipe web de l’UMP. Son secrétaire général en a d’ailleurs fait une priorité, mécontent qu’il était de ne pouvoir accéder à tous les sites du parti (notamment les “Créateurs de Possibles”) sur son iPad. Un mouvement qui accompagne le virage geek friendly entamé sur le fond par la majorité. [...]

Pour la campagne, les équipes du parti majoritaire sont en ordre de bataille. Le vocabulaire est guerrier. L’idée est d’“être en ordre de marche pour que le moment venu on n’ait plus qu’à appuyer sur le bouton”. Jean-François Copé aurait d’ores et déjà décrété la “mobilisation générale”, nécessaire afin “d’être en ordre de bataille pour aller au combat”. Et la machinerie est en place. En interne, une équipe d’une dizaine de personnes est chargée de mettre en œuvre la stratégie du parti sur les réseaux. [...]

La grande différence avec le camp d’en face se situe dans le recours à une agence de communication. Après appel d’offres, c’est Emakina, “agence de marketing qui comprend, maîtrise et catalyse l’ensemble des points de contacts entre une marque et ses clients”, comme le précise son site Internet, qui remporte le marché. Dirigée par Manuel Diaz, 30 ans, l’entreprise met à disposition une équipe de 15 personnes travaillant à plein-temps sur la campagne de l’UMP. Veille, communication de crise, animation des réseaux et développement des plates-formes (notamment le site Internet), l’agence travaille main dans la main avec les équipes du parti. Ce dernier est considéré comme un “client un peu spécial”. Selon Manuel Diaz, l’appel à son entreprise est un “choix courageux”, “signe d’une compréhension d’Internet par l’UMP”. “Je vois chez mon client la volonté de reconnaître cette culture, de reconnaître ce qui s’est passé et de le prendre en compte fondamentalement”, nous dit-il. Selon le patron d’agence, choisir de travailler pour l’UMP est “un engagement démocratique et républicain”. Pour l’honorer, la stratégie mise en place sera organisée autour des contenus, puisque “le contenu est roi” et que “sans contenu, il est impossible d’activer la com’”. Une “com’” qui visera à convaincre et mobiliser ceux que Manuel Diaz nomme “les néo-militants”, “qui s’intéressent ponctuellement, à une partie du programme”. Pour y parvenir il a fallu remettre à plat l’ensemble d’une stratégie maladroite : “tout le contraire de ce qui a déjà été fait par le passé”, selon le patron de l’agence. [...]

Si cette machinerie UMP/Emakina est en place, la question du positionnement et de l’influence de l’Elysée reste en suspend. Le candidat non déclaré n’hésitera pas à réserver quelques surprises aux équipes censées participer à sa réélection. Et quand on connaît les liens tendus entre Jean-François Copé et le Président de la République, la question de l’articulation entre l’Élysée, les équipes de l’UMP et celles d’Emakina se pose.
Pierre Chassat l’affirme, il n’y a “aucun hiatus entre l’Élysée et l’UMP. L’objectif est d’être au service du candidat. On est à 200 % derrière le candidat”.


Partis en ligne, une enquête signée Andréa Fradin et Guillaume Ledit sur la campagne numérique de l’UMP et du PS.


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