OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Clic, clic, fric http://owni.fr/2012/11/08/clic-clic-fric/ http://owni.fr/2012/11/08/clic-clic-fric/#comments Thu, 08 Nov 2012 10:39:38 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=125462 null

Bonne nouvelle pour les marketeux du web et autres adeptes du SoLoMo en quête du sacro-saint buzz sur le web ! Un nouveau service révolutionnaire vient de sortir, permettant de faire exploser les compteurs de vues des dernières vidéos publiées.

Intitulé Buyral, ce dispositif vend des clics, selon différentes formules : 250 000 à 25 000 000 vues pour des sommes allant de $11,99 à $59,99.

“Marre des vidéos virales qui ne deviennent pas virales ? Avec Buyral, vous aurez des millions de clics à chaque instant !” Le succès d’un Gangnam style, de Call me Maybe ou de Maru à portée de souris ! De quoi ouvrir aussi de nouvelles perspectives à la presse, en quête de modèle stable à l’heure du numérique.

Implantée partout dans le monde, la société multiplie les opportunités d’emploi : de la maternelle aux maisons de retraite, en passant par les laboratoires de recherche et développement, toutes les forces vives sont mobilisées pour cliquer sur le bouton play des vidéos virales de demain.

L’activité du “professional clicking” (“clic professionnel”) est en plein essor et n’est pas près de s’arrêter. “Partout il y a un bouton susceptible de récolter des clics. Ascenseur, distributeurs automatiques, jeux de marteau, explique enthousiaste un porte-parole de Buyral dans une vidéo édifiante :

Cliquer ici pour voir la vidéo.



Bon, vous vous en doutiez, Buyral est évidemment une grosse blague. Mais la vidéo reprend si habilement les codes de communication aujourd’hui répandus – plans léchés, ton mielleux et musique lyrico-cul-cul – qu’elle en devient redoutablement efficace. En guise d’exemple, comparez donc avec la chaise la plus célèbre du monde

Cerise sur le gâteau, viralité sur le plan com’, ce projet sort des cervelles d’une agence de pub, John St., basée au Canada, tout aussi compétente dans le bullshit bingo de la pub en ligne : “social”, “experiential”, “digital”… Qui d’autre pour rendre virale une vidéo proposant de rendre virales des vidéos tout en se moquant de ses propres pratiques ? Inception 2.0.

Contacté par Owni pour en savoir plus sur le projet et en particulier à qui celui-ci peut bien bénéficier, les équipes de Buyral nous ont indiqué être débordées, mais ne manqueront pas de nous répondre “dès qu’une équipe de clics sera disponible”.

Mais il y a fort à parier que cette vidéo ne profite qu’aux auteurs eux-mêmes. La boîte est une habituée de ce genre de coups, qui couplent auto-promo et auto-dérision. Pour mémoire (et pour le plaisir, aussi), le clip promotionnel Catvertising. Bah oui, vous pensiez pas que les vidéos de chats rigolos étaient tournées dans un salon tout de même ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Photo par Pivic (ccbyncnd)

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Courir après les policiers municipaux http://owni.fr/2012/10/12/courir-apres-les-policiers-municipaux-open-data/ http://owni.fr/2012/10/12/courir-apres-les-policiers-municipaux-open-data/#comments Fri, 12 Oct 2012 11:40:53 +0000 Julien Kirch et Sabine Blanc http://owni.fr/?p=121935 Interdit à la police municipale ? – Photo CC by C’était mieux demain

Interdit à la police municipale ? – Photo CC by C’était mieux demain

Légende de la carte
Balise blanche = données par ville
Balise bleue = données ou précisions concernant le département

Depuis février 2011, la mission gouvernementale Etalab est censée “apporter son appui aux établissements publics administratifs, pour la réutilisation la plus large possible de leurs informations publiques”. Encore faut-il que la notion d’Open Data soit arrivée aux oreilles desdites administrations. Car notre travail, ou plutôt notre ébauche de travail sur les polices municipales montre, une fois de plus, que l’Open Data est un sport d’endurance. Point d’étape, en espérant débloquer la situation.

La France entr’ouverte

La France entr’ouverte

L'État a lancé son site data.gouv.fr. La France, enthousiaste, ouvre donc ses données publiques comme les États-Unis. ...

Kafka dans la place

Au début de l’été, nous avons lancé avec nos amis de La Gazette des communes un projet commun : une carte de France des polices municipales. En effet, ce corps de métier prend une part de plus en plus importante pour assurer la sécurité intérieure. Ses effectifs ont doublé depuis une vingtaine d’années et elle représente la troisième force de police de France.  La doctrine d’emploi varie aussi d’une collectivité locale à l’autre, entre rôle préventif et véritable supplétif de son homologue national. Des différences de point de vue dont témoigne le débat sur le choix d’équiper les hommes avec des armes à feu.

Et au-delà des simples chiffres bruts, il y avait là une belle matière à analyser en rajoutant des couches de données :

- ratio effectif police municipale/police ou gendarmerie nationale
- type d’armement
- couleur politique
- revenu par habitant
- taux de délinquance
- service public comme La Poste
- la présence de caméras de vidéosurveillance

Ce projet était, sur le papier, facilement réalisable. En effet, une étude a été publiée en juin par le Centre national de la fonction publique et territoriale (CNFPT) avec des données agrégées. Les données brutes existent donc bien quelque part. L’organisme nous a répondu par la négative et notre relance étonnée n’a pas eu de retour.

Restait donc le ministère de l’Intérieur, qui nous a renvoyé fissa… aux préfectures. Pour mémoire, la France compte 100 départements, soit 100 adresses mails de service communication à lister dans un premier temps. Bien sûr, il aurait été trop simple que les coordonnées, à jour, fussent accessibles de façon claire sur chaque site de préfecture. Nenni, il a fallu aller les gratter sur Mediasig, avec un taux de courriels erronés non négligeable.

Au final, du pire au mieux, voici ce que les préfectures nous ont envoyé. De maigres résultats rageants, sachant que les préfectures ont ces données, comme l’une d’elles nous l’a confirmée :

Dans la mesure où les policiers municipaux font l’objet d’un double agrément préfet-procureur, toute préfecture est en mesure de sortir le nombre de policiers municipaux qu’elle a agréé. De plus le ministère demande des stats tous les ans.

Du néant au Graal du .xls

☠☠☠☠☠ : aucun retour. C’est le cas des 3/4 des préfectures environ.

☠☠☠☠ : un retour négatif, doublé d’un échange kafkaiën, comme celui que nous avons eu avec le service de communication du Morbihan, fort empressé au demeurant. Au moins sait-on pourquoi notre demande est refusée et vite, avec un humain au bout du fil :

- On ne les donne pas, voyez avec les communes, cela relève de leur responsabilité.

- Mais vous avez ces chiffres, puisque d’autres préfectures me les ont passés.

- Si d’autres préfectures ont pris la responsabilité de vous les passer, c’est leur choix. C’est du domaine des communes, adressez-vous à elles.

- Mais où est la prise de risque de me donner une information publique, les citoyens sont bien informés quand leur conseil municipal décide ?

- etc.

Le datajournalisme appliqué à la police

Le datajournalisme appliqué à la police

Sur un sujet par nature difficile à appréhender, car entouré d'une relative discrétion, le datajournalisme permet de ...

Fin du coup de fil, le point Godwin a été réfréné. Trop facile.

Variante en Haute-Savoie

- “Voyez avec les mairies, voici le mail de l’association des maires.”

Mail dans ce sens, réponse 15 jours plus tard :

- “Nous avons bien reçu votre demande mais nous ne pouvons malheureusement pas y répondre favorablement dans la mesure où n’avons absolument pas à notre disposition de telles listes. Je ne comprends pas pourquoi la Préfecture vous a renvoyé vers nous…”

Rebelote vers la préfecture. Nous attendons toujours leur réponse.

☠☠☠ : on nous passe des données mais ce sont des effectifs globaux pour le département, comme par exemple dans l’Hérault. À noter qu’en dépit d’un mail initial assez clair, la Moselle a d’abord envoyé ce type d’information. En insistant un peu, on a fini par récupérer le détail. Certes un pdf qu’il a fallu retaper, mais quand même (cf ☠☠).

☠☠ : un pdf imbitable est envoyé, ou pire un xls qui fait des caprices après vous avoir bercé de fausses illusions. Au final, ça va plus vite en recopiant.

: le document consent, au prix de quelques contorsions, à rentrer dans notre feuille de calcul. Comme dans la chanson, “mon indocile, mon difficile, et puis docile…”. On a aussi eu le cas de données envoyées dans le corps du mail.

coeur : un merveilleux tableau Excel ou un pdf qui se laisse copier-coller sans les petites bizarreries de mise en page habituelles avec ce format pourri dont les charmes nous échappent parfois. Ces cas-là se comptent malheureusement sur les doigts de la main d’un menuisier en fin de carrière.

Texte : Sabine Blanc
Carte : Julien Kirch


Interdit à la police municipale ? – Photo CC by C’était mieux demain / repimpée ici et sur la une par Owni /-)

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France 3 se paie l’affiche ! http://owni.fr/2012/10/05/france-3-se-paie-laffiche/ http://owni.fr/2012/10/05/france-3-se-paie-laffiche/#comments Fri, 05 Oct 2012 08:45:44 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=121641 France 3, la chaîne de télévision publique à vocation régionale, veut rafraîchir fortement l'image un peu vieillotte d'un média adulé chaque jour à 20h15. Notre graphiste-maison livre son analyse de professionnel.]]>

Bonjour :)

Ici Geoffrey pour votre chronique “Vendredi c’est Graphism” ! Cette semaine, c’est France 3 qui s’illustre grâce à l’agence Australie et en présentant leur première collaboration matérialisée autour de cette campagne d’affichage mais aussi dans la presse, à la radio et sur le web. Retour sur ces affiches qui ont fait parler d’elles, chose rare pour une chaîne de télévision.

Une campagne de com’ ciblée

Changer le regard porté sur France 3 en valorisant les valeurs de proximité de la chaîne, en phase avec son époque.

France 3, coupé décalé

L’image de France 3 est, vous le savez, assez réservée et sérieuse, cependant, elle offre un contenu riche et varié avec des programmes spécifiques à la chaîne comme “Thalassa”, “Des Racines et des Ailes” ou encore la célèbre série “Plus belle la vie”. Le défi de changer cette image sérieuse et parfois un peu “vieille” était de taille. Cependant, France 3 faisant partie du groupe France Télévisions, ne pouvait pas se permettre tout et n’importe quoi, d’où l’idée de définir une direction claire dans leur statégie de communication :

Ancrée et active sur le terrain, concernée par l’actualité, la culture populaire, son environnement et son époque, France 3 est la chaîne grand public qui nous ressemble, qui nous concerne. Plus que jamais, France 3 est un repère ; Elle n’offre pas seulement une proximité géographique, mais une proximité de valeurs avec les téléspectateurs qui ne se reconnaissent pas dans les excès de la télévision actuelle.

Nous sommes au bon endroit

Cette campagne commence donc avec un spot vidéo très calme, sans musique avec une voix off et l’apparition fluide des éléments typographiques et iconographiques. Le spot, très certainement réalisé avec le logiciel After Effect, utilise très peu d’effets et contrebalance donc leur discours très provocateur qui est “Chez nous, c’est différent de chez les autres”, comprenez que France 3 ne fait pas de télé-réalité, de télé-sensation ou de films pour adultes, etc.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les affiches

La campagne se décline également en affiches, les mêmes que sur le spot, et qui s’imposent par leur discours vraiment décalé. La finesse de ces affiches se situe (comme souvent pour les affiches réussies) dans le fait qu’elles font appel à l’intelligence du lecteur. En effet, en ne citant pas directement le type d’émission qu’il critique, le texte de l’affiche est tourné dans sa forme négative. Ainsi, pour le lecteur, il est très simple d’inverser le processus et de comprendre que France 3 parle de l’émission “Déco”, de “Secret Story”, des séries américaines ou des télé-achats.

affiche Les affiches de France 3: des cochons, des chiennes et des porcs !
(source)

Décrypter l’image

Les affiches sont simples et sont toutes composées :

• d’un fond coloré avec un dégradé
• d’une phrase en grand, en gros
• d’une image d’une émission dans une télévision
• du logo de France 3
• de leur nouveau slogan “Vous êtes au bon endroit”

La récurrence d’un système graphique permet la cohérence et créé ainsi l’identité de la “marque” ou plus précisément, de la campagne de communication. La plupart des séries d’affiches fonctionne ainsi et joue sur ce système de répétition. Étrangement, ces affiches n’ont pas l’allure d’affiches publicitaires.

Un IMPACT typographique ?

Côté typographie, une drôle de surprise : le caractère “Impact” a été utilisé ! Oui, Impact est une typographie sans-serif conçue par Geoffrey Lee en 1965 et publié par la fonderie Stephenson Blake. Ses traits ultra-épais, son interlettre très serré, sa grande hauteur de x, ses contreformes réduites font son aspect et son identité. Comme son nom le laisse à deviner, la typo “Impact” est dessinée à l’origine pour les titres de journaux. L’impact est l’une des polices de base pour le Web et est distribuée avec Microsoft Windows depuis de nombreuses années.

À l’heure de la culture web, la typo Impact est surtout utilisée pour réaliser des images de mèmes, des images de lolcats, etc. Elle a donc une image assez mauvaise dans la culture de l’imprimé et sera considérée comme ringarde ou un peu kitsch.


(source)

Un graphiste aux manettes ?

Côté graphisme, ces affiches me donnent un drôle de sentiment. En effet, leur composition est propre, tous les éléments sont bien calés sur une grille, les textes sont à peu près bien calés aussi… mais ! Car oui, il y a ce “mais” qui m’ennuie.

• Les couleurs sont des couleurs qui ressemblent à des couleurs RVB (rouge vert bleu, des couleurs pour l’affichage sur écran), plutôt que des couleurs CMJN (cyan, magenta, jaune noir, des couleurs pour l’impression). Je me demande donc quelle sera la qualité du rendu une fois ces affiches imprimées ?

• La typographie, j’en parlais précédemment, n’est pas une typographie très élégante, très intéressante graphiquement et c’est une typographie installée par défaut sur les ordinateurs. L’impression qu’il n’y a pas eu vraiment de recherche en ce sens est forte. Cependant, j’en parlais également plus haut, c’est une typographie très utilisée sur des images produites pour le web. A-t-elle été choisie dans ce but ? Allez savoir.

• Le dégradé sur l’affiche n’a pas grand intérêt, et surtout, la télévision avec le câble qui pend n’est pas très élégante et ne fait pas “corps” avec le reste d’ l’affiche. Elle semble avoir été posée par hasard.

La stratégie de marque

Sur le site de l’agence Australie, on y découvre la stratégie de marque proposée pour France 3.

• Une nouvelle signature pour la chaîne. France 3, vous êtes au bon endroit”, une manière d’affirmer la solidité et la singularité de la chaîne : ancrée et active sur le terrain à travers l’information et les offres régionales, passionnée et enrichissante dans son offre de programmes (culture, découverte, évasion, arts de vivre, fictions familiales et historiques, décryptage et pédagogie de ses magazines et documentaires), naturelle et bienveillante dans le ton et la diversité des points de vues qui s’expriment.
• Une nouvelle campagne que l’agence Australie a voulu drôle et décalée pour marquer les esprits, conforter son public et donner envie de la redécouvrir pour d’autres.
• Selon Valérie Manzic, directrice de la communication externe de France 3,“l’ambition de cette campagne est bien de valoriser l’image de la chaine. France 3 assume ainsi fortement sa place originale et revendique sa solidité dans le paysage audiovisuel français : une offre différente, claire et positive qui n’a de cesse d’évoluer. L’humour renforce la proximité avec notre public et incitera le public à la redécouvrir”

L’accueil sur Twitter

L’accueil de cette campagne sur les différents réseaux sociaux ne s’est pas fait attendre et s’avère être plutôt bon auprès du public, je constate donc que c’est une petite réussite pour un ensemble d’affiches destinées à modifier l’image de France 3.

L’exemple Canal+

Il y a quelques temps déjà apparaissaient dans les transports en commun des affiches minimalistes, drôles et intelligentes pour mettre en avant des films connus. Aux manettes ? La chaîne de télévision Canal+ qui réalisait cette campagne à succès dont beaucoup partageaient les images sur Facebook ou Twitter. La qualité graphique était également au rendez-vous, à mi-chemin entre le dessin, l’affiche de propagande et la typographie très bien exécutée.

Retour en images.


source

Conclusion

Pour conclure simplement sur cette campagne qui semble réussie, il est vrai que les accroches sont bien pensées, surprennent de par leur côté décalé pour cette chaîne de télévision parfois timorée. Cependant, il ne faut pas oublier le graphisme et la qualité visuelle des affiches. La typographie, les couleurs, la composition et le choix des images auraient pu avoir un traitement encore plus méticuleux, plus audacieux et auraient eu, j’en suis sûr, un impact (sans jeu de mots), encore plus fort.

Je reste très curieux de voir si les autres chaînes du groupe France Télévisions vont s’aligner dans cet esprit graphique et décalé ou si la campagne de France 3 restera une exception.

En tous les cas, je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode de Vendredi c’est Graphism !

Geoffrey

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(P)resident evil http://owni.fr/2012/04/25/president-evil/ http://owni.fr/2012/04/25/president-evil/#comments Wed, 25 Apr 2012 15:40:07 +0000 Anaïs Richardin http://owni.fr/?p=107737

Première série de publicités politiques pour Barack Obama dans un des 18 jeux de l'entreprise de jeux vidéo Electronic Arts

Le ludique se révèle utile en politique. Des équipes de campagne ont tenté l’expérience à l’occasion de l’élection présidentielle 2012. Au menu : s’emparer du web et dynamiser la campagne en appliquant les mécanismes du jeu vidéo (principe de gamification) aux sites internet des candidats en lice.

Jeu politique 1.0

Si le jeu vidéo et la politique entretiennent des relations depuis bien longtemps, l’aspect politique n’était jusqu’à présent qu’un  élément  de contexte. Prendre Mario Kart et remplacer Mario par Obama, voilà à quoi cela se résumait jusqu’à ces dernières années.
En 2004, la donne change et le jeu politique connait ses premières heures de gloire. Ce sont les États-Unis qui injectent les premiers une dose de ludique dans une campagne présidentielle. Howard Dean, alors candidat à l’investiture démocrate fait figure de pionnier en utilisant The Howard Dean game for Iowa. Ce jeu vidéo, créé par les chercheurs Ian Bogost et Gonzalo Frasca visait à montrer aux sympathisants de Dean la marche à suivre pour augmenter sa popularité et le faire connaitre. Les utilisateurs doivent accomplir des missions comme distribuer des tracts, ou relayer une information pour avancer dans le jeu. C’est certainement la première leçon de viralité : les joueurs pouvaient contacter leurs amis par email ou messages instantanés afin de les rallier à leur cause.

Première série de publicités politiques pour Barack Obama dans un des 18 jeux de l'entreprise de jeux vidéo Electronic Arts

Ensuite Barack Obama, lors de sa campagne en 2008, a su voir l’intérêt du jeu vidéo  face à un concurrent de 72 ans -John McCain- qui en avait une vision archaïque. Les équipes de Mc Cain se sont en effet contentés de réaliser Pork invaders, une énième parodie de basse facture de Space Invaders, opposant des cochons à des vaisseaux, points de crédibilité : 0.
Barack Obama a lui utilisé les jeux vidéo  comme aucun candidat ne l’avait fait, créant la première publicité politique en ligne. En partenariat avec EA Games, des encarts publicitaires à son effigie ont été insérés dans 18 jeux vidéo de la marque. Diffusées dans dix États parmi les plus influents, ces publicités furent un bon moyen d’attirer l’attention des jeunes sur la campagne. Application digitale d’un vieil adage, si vous ne venez pas à la politique, la politique viendra à vous.

En France, lors de cette présidentielle 2012, les équipes de campagne des candidats ont commencé -tout doucement-, à s’intéresser au phénomène.

Le newsgame

Réalisé à l’occasion des primaires du Parti Socialiste, le newsgame Primaires à gauche, fruit d’ un partenariat entre lemonde.fr, l’École Supérieure de Journalisme de Lille et l’entreprise KTM Advances, permet aux joueurs de se mettre dans la peau du candidat de leur choix, de Ségolène Royic à François Holov en passant par Martine Aubraïe. Le but ? Remporter l’élection en organisant des débats. Par le prisme du jeu, l’utilisateur se familiarise avec les idées fortes de chaque candidat sans s’en rendre compte. Le joueur peut passer d’un personnage à l’autre en élaborant une stratégie pour chacun d’eux et ainsi découvrir les différences entre les candidats au sein d’un même parti.

Premier newsgame réalisé par le Parti Socialiste français à l'occasion des Primaires en octobre 2011

Ce premier newsgame politique français permet de mieux comprendre le jeu politique sans jamais tomber dans le militantisme qui a “été mis à l’as” selon Olivier Mauco, chercheur,  directeur de la création de médias ludiques chez Antidox et créateur du site Games in society. À travers l’engagement du joueur dans des joutes verbales avec des ennemis politiques, le joueur cerne mieux la dynamique d’une campagne et peut agir directement pour faire augmenter les intentions de vote à son égard.

Cette approche innovante de la politique semble être un bon moyen pour toucher une cible jeune dont seulement 52% des 18-24 ans se disent intéressés par la politique comme le montre ce sondage IPSOS de 2011.

La gamification à l’usage des politiques

Selon une étude de l’institut GFK publiée le 4 février 2011 pour le Syndicat national du jeu vidéo, la France compte 28 millions de joueurs réguliers, soit 65% des Français ayant une activité en ligne sur internet et plus de 40% de la population. Un vivier d’électeurs donc.

Des statistiques certainement intégrées par les équipes de François Bayrou et d’autres candidats qui ont décidé de faire entrer le jeu vidéo, et plus particulièrement ses mécaniques en campagne. Ce qui ne leur a pas porté chance…

Développé avec les agences Spyrit et Big Youth l’espace “volontaires” du site du candidat utilise les principes de la gamification pour inciter les internautes à réaliser des missions pour faire connaître le parti et son programme. Régulièrement, les utilisateurs ou “Volontaires” reçoivent leur mission par mail. Distribuer des tracts de campagne ou envoyer un mail à ses contacts permet ainsi de gagner des points –des décibels-, convertibles en badges. À travers ces mécaniques, les équipes de campagne espéraient générer le plus de bruit possible autour du candidat grâce aux joueurs.

Pur Matthieu Lamarre, responsable de la web campagne de François Bayrou,  cette initiative a été bénéfique :

Grâce à ce système la fréquentation était plus régulière, et cela a permis de toucher tous les publics.

Cet ” outil d’impulsion ” a permis de capter l’attention  de 20 000 personnes. Ce chiffre peut paraitre bien faible face au traffic généré par un autre clin d’oeil à la culture geek visible sur le site de François Bayrou. En utilisant le code Konami, les internautes peuvent faire apparaître une petite vidéo 8-bit, dans le plus pur esprit du rétro-gaming sur le site pourtant sobre du candidat évincé. Une vidéo ultra pixellisée et une vague d’écho médiatique plus tard et le site enregistrait 250 000 visiteurs uniques. Un succès pour le site d’un parti politique, qui en réutilisant les codes geeks et avec un brin d’autodérison  a réussi à générer plus de traffic que la plateforme ludifiée, pourtant conçue pour capter l’attention des internautes.

Outils des Volontaires du site de campagne de François Bayrou (Cliquez sur l'image pour la voir dans son intégralité)

Une plateforme sur laquelle les mécaniques du jeu ont été utilisées pour encourager les internautes à être le relai du parti, mais qui n’a en rien vocation à inciter une personne à voter pour le parti, comme nous l’indique Matthieu Lamarre :

Nous voulions attirer l’attention des internautes et la convertir en attention sur les programmes, puis sur le candidat. Ce n’est pas grâce à un jeu que l’on va pousser quelqu’un à voter Modem s’il n’en avait pas envie, enfin je l’espère.

Si le site reprend en apparence tous les mécanismes de la gamification, il se révèle n’être à l’usage, qu’une certaine application de ” pointification ” (simple attribution de points ou de badges). En effet, le joueur peut auto-valider sa mission, ce qui ne crée pas réellement d’engagement ni de situation ludique puisqu’il suffit de cliquer sur “valider” pour obtenir des points, quand bien même la réalisation de la mission serait passée à la trappe. Le fait qu’il y ait des badges mais pas de gratification est une volonté des concepteurs du site qui ne voulaient pas d’un classement des participants, même si les 3 joueurs les plus assidus sont placés en bonne position sur la page d’accueil. La plateforme n’a, au final, rien de bien ludique, ce qui n’encourage pas les volontaires les moins impliqués dans la campagne à continuer l’aventure. De nombreuses failles repérées par Kiwiigames lors du lancement de cet espace dédié, et soulignées par Olivier Mauco :

Ils ont surfé sur le fait que la gamification soit à la mode, avec un joli design graphique, mais il n’y a aucune mécanique d’engagement. On utilise le jeu vidéo pour se faire mousser mais on évite d’en faire. C’est un moyen d’avoir une exposition médiatique.

Le site de François Hollande, au final, propose les mêmes outils de campagne à l’usage des internautes sympathisants, les badges en moins. Si les équipes de François Bayrou ne sont pas allées assez loin dans leur démarche, les équipes de Jean-Luc Mélenchon ont créé une application qui repose sur la géolocalisation et sur des petits jeux ludiques.

"Place au peuple", application mobile du Front de gauche destinée aux sympathisants

Disponible sur smartphones, l’application du Front de gauche visait elle aussi à se servir des utilisateurs, baptisés “révolu-nautes” comme d’une caisse de résonance, les incitant à être le relai du parti avec des défis, des points, et des dispositifs plus engageants que ceux du site bayrou.fr. Au programme aussi, des petits jeux comme ” les grandes rues de la Fortune ” ou encore le “chamboule-tout” des personnalités influentes du Fonds Monétaire International et de la Banque Centrale Européenne.

Nombreux sont les jeux, à l’image de ceux créés par le Front de gauche, qui visent à dénoncer une situation ou à se moquer d’une personnalité politique tout en restant drôle et léger. Un moyen de surfer sur la vague comme l’explique Olivier Mauco :

Les jeux vidéo ne sont pas vraiment réalisés à des fins partisanes. En jouant sur la culture geek, le pixel art et toutes ces choses-là et on essaye d’attirer la sympathie.

Ainsi, le Parti Socialiste s’est servi de la tendance du moment pour moquer le quinquennat de Nicolas avec des vidéos « Mot-à-mot ».

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Diffusées sur leur chaine Dailymotion, les vidéos détournent des éléments de la culture geek comme ici à J-16 où ils revisitent des titres de jeu vidéo connus de tous pour faire passer leur message sur le président sortant : « president evil » « nico tendu » « wii-fisc » « tax-man » « world of warcash » « Dega » s’enchaînent pour finir sur un « Game over ». Le nombre de vues n’est pas exceptionnel, un peu plus de 16 000.

Certains ont décidé de faire plus ludique encore pour dénoncer ou se moquer d’un homme politique. Que ce soit le Sarkothon, La France forte ou encore la Vache folle de José Bové de nombreux petits jeux réalisés par des amateurs pour se défouler sur des personnalités politiques.

Sans conséquences pour Olivier Mauco :

Ca renforce les positions, ce ne sont pas ces jeux qui vont faire évoluer les positions. Il ne va pas y avoir de changement puisqu’il n’y a pas de discours derrière.

S’il n’y a pas de discours idéologique et qu’ils ne visent qu’à se moquer gentiment, certains jeux comme La France forte permettent aussi de s’informer sur un sujet, ici Nicolas Sarkozy et ses écarts. Le jeu est à charge puisque l’utilisateur se trouve dans la peau du président sortant et doit gifler ses ennemis (un journaliste, un statisticien, Eva Joly) et préserver ses amis (le colonel Kadhafi, Liliane Bettencourt etc.) mais le choix des personnages est justifié par de petites vidéos qui prennent sur le vif un tacle, ou une petite phrase assassine du président-sortant.

Un des nombreux jeu qui prend pour cible Nicolas Sarkozy

La culture du ludique fait peu à peu son nid en France. Les États-Unis, eux viennent de faire passer la gamification politique dans la cour des grands. La chaine MTV, chère aux coeurs des jeunes adultes américains vient en effet d’annoncer le lancement d’une vaste campagne d’incitation au vote à destination des jeunes. En partenariat avec la Fondation Knight, qui subventionne l’opération à hauteur de 250 000 dollars, MTV organise le “Fantasy election 12“. Inspiré des jeux vidéo de fantasy sports, les joueurs doivent monter une équipe et gagnent des points lorsqu’ils vont voter ou lorsqu’ils assistent à des meetings politiques en utilisant l’outil de géolocalisation de l’application. Lancé cet été, ce jeu vise à mobiliser les 45 millions de jeunes américains qui sont susceptibles de voter aux différentes élections de l’année. Avec de nombreux lots à gagner, de véritables incitations à jouer le jeu du devoir civique, cette initiative de MTV pourraient bien devenir un cas d’école de la gamification.

[Mise à jour du  26 avril 2012 ] suite à la précision de Florent Maurin, co-créateur de Primaires à Gauche sur l’absence de filiation entre le jeu et le Parti Socialiste, qui n’est pas intervenu dans son élaboration.

Captures d’écran des différents sites de campagne des candidats.

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http://owni.fr/2012/04/25/president-evil/feed/ 14
[visu] En 2012, Internet n’existe pas http://owni.fr/2012/04/20/visu-en-2012-internet-nexiste-pas/ http://owni.fr/2012/04/20/visu-en-2012-internet-nexiste-pas/#comments Fri, 20 Apr 2012 20:40:36 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=107218 OWNI vous propose en ce week-end électoral. L'occasion de faire le bilan de cette campagne pas très net. En marge des coups de com' et effets d'annonce, petites phrases gentilles sur les générations numérisées et grandes vérités sur la société de l'information, question projets et propositions, pas grand chose.]]>

Cette fois, c’était la bonne. En 2012, la campagne se jouerait sur Internet. Les politiques étaient formés. Les Français, prêts et connectés. Les équipes de communication itou. On allait voir ce qu’on allait voir !

En fait, on a rien vu. De pichrocholines polémiques en guéguerre de communication. Retour sur une campagne définitivement pas très net, comme le détaille la grande infographie au bas de cet article.

Côté com’, on a mené la danse. Les multiples conseillers et expert ès ”social media”, depuis longtemps dans les starting-blocks, ont tenu leur promesse. La presse s’est vu inondée de leurs analyses sur le rôle de Facebook ou de Twitter dans la campagne présidentielle. A grands renforts de chiffres recensant les nombre de “fans” et de “followers”, d’études comparatives et de diagrammes analytiques des “buzzs”.

Une campagne pas très net

Une campagne pas très net

Après Facebook, Twitter. Accusée ce week-end d'avoir censuré des comptes parodiant le président sortant, l'équipe de ...

L’intérêt médiatique s’est révélé si conséquent qu’il s’est même attardé sur la communication portant… sur la communication elle-même. Facebook suspecté de courir pour Nicolas Sarkozy, Twitter fermant certains comptes parodiant ce même candidat : l’e-boucle était bouclée, les équipes de campagne de chaque parti passant un temps fou à communiquer sur leurs pratiques et celles de leurs petits camarades.

Ainsi fond fond fond

Au final, du bruit sur du bruit. Qui n’a pas apporté grand chose au Net lui-même. Car sur le front du fond, le débat n’a pas été très réjouissant. Le numérique a quasiment été inexistant dans les médias généralistes. Même Libé, dans sa une consacrée aux grands dossiers oubliés de la campagne a laissé Internet sur le bord de la route.

Dans une analyse datée de ce jour, le think tank Renaissance Numérique estime qu’Internet “ne représente que 5% des contenus [...] mentionnant les candidats à la présidentielle” en ligne, ajoutant “qu’il n’est quasiment abordé que pour parler de culture ou de réseaux sociaux (80% des contenus relatifs au numérique).”

Il est vrai qu’en dehors du Net envisagé comme pur support de com’, c’est l’affrontement – ou l’étrange florette – des politiques et lobbys culturels qui ont occupé les journalistes chargés de comprendre le sacro-saint “après-Hadopi”. En dehors de ces clous, seule la pénalisation de la consultation des sites terroristes, portée par le candidat-président au sortir de l’affaire Merah, a vaguement pu atteindre les foyers français. L’occasion pour le président-candidat de rappeler son approche sécuritaire du réseau, qu’on croyait oubliée depuis l’abandon des velléités d’“Internet civilisé” et les multiples “je vous ai compris” distribuée en 2012 à l’e-public. Bref, rien de très nouveau sous le soleil et les bits.

Loin d’être en tête des fameuses “préoccupations des Français”, Internet, ou le numérique, n’est pas un investissement rentable dans une campagne électorale. Et surtout sur le fond. Le fait qu’une Eva Joly s’affiche avec l’un des gourous du logiciel libre n’a sans doute pas impacté ses intentions de vote. Et Jean-Luc Mélenchon a beau haranguer les foules à la Bastille en chevrotant “il ne sera plus jamais permis de faire Hadopi”, le candidat du Front de Gauche s’emportait facilement dès qu’il s’agissait d’entrer dans le détail.

Zone à risques

Car en plus d’être peu porteur, Internet est aussi labellisée zone à risques. Si peu d’électeurs semblent conditionner leur vote au positionnement numérique des candidats, ceux qui prêtent attention à la thématique sont exigeants. En maîtrisent la complexité : les méandres des conditions de diffusion d’une œuvre sur Internet, l’historique des dispositions législatives visant le réseau, l’avancement de la couverture haut et très haut débits en France.

Une exigence qui fait peur : la moindre déclaration est passée à la moulinette et la moindre erreur repérée, analysée, contextualisée. Une difficulté supplémentaire pour des présidentiables déjà peu acculturés au sujet, qui peut rapidement se retourner contre eux, et “faire le buzz” d’un jour ou d’une semaine sur les réseaux.

En cette fin de campagne, aucun des candidats n’incarne pleinement les aspirations d’une “communauté Internet” balbutiante en France. Leurs équipes, pourtant, ont pour la plupart fourni un travail conséquent. A droite comme à gauche : la compétence ou l’enthousiasme des exécutants n’est pas déterminée par l’appartenance politique.

OWNI a visualisé les prises de positions numériques de celles et ceux qui se présentent à votre suffrage ce dimanche. Sans prétention à l’exhaustivité, mais en mettant en avant les thématiques qui ont suscité quelques clivages. En balayant large, mais sans s’aventurer sur l’éducation ou la santé, sur lesquelles les propositions sont trop disparates et complexe pour être résumer à un simple “pour/contre”.

L’occasion de jeter un dernier coup d’œil éclairé aux propositions des candidats, dont vous trouverez le détail en survolant l’image (cliquez dessus pour la visualiser en grand format) :


Illustrations CC Loguy

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http://owni.fr/2012/04/20/visu-en-2012-internet-nexiste-pas/feed/ 26
Twitter candidat http://owni.fr/2012/03/08/twitter-candidat/ http://owni.fr/2012/03/08/twitter-candidat/#comments Thu, 08 Mar 2012 18:13:26 +0000 S. Blanc, A. Fradin, M. Boucharlat, J. Kirch http://owni.fr/?p=100789 OWNI de vous fournir une analyse détaillée et détendue des données issues de ces comptes. En quelques infographies. ]]>

Cette année, c’est sûr, la campagne se fera sur le web. Aux dire des communicants qui entourent les candidats, en tous cas. Si en 2007 on a connu les désirs d’avenir participatif de Ségolène Royal, en 2012, c’est sur les réseaux sociaux qu’il faut être. Et les équipes des candidats l’ont compris. Après une timeline Facebook remarquée, Nicolas Sarkozy a débarqué le 15 février sur Twitter dans un grand fracas médiatique.

Une campagne pas très net

Une campagne pas très net

Après Facebook, Twitter. Accusée ce week-end d'avoir censuré des comptes parodiant le président sortant, l'équipe de ...

Tous les aspirants-président ayant leur compte sur le réseau social qui permet de partager messages et liens en maximum 140 caractères, nous avons joué avec quelques données pour répondre à une première série de questions. Leurs comptes ont été scrappées à l’aide d’un script en Ruby par @archiloque (Github).

Kiki qu’a la plus grosse quéquette ?

Nous avons scanné le site au petit oiseau bleu quelques jours après l’arrivé remarquée de Nicolas Sarkozy. Notamment pour savoir quel candidat était le plus suivi par ses followers (abonnés). François Hollande était alors largement en tête, et c’est toujours le cas, l’écart s’étant peu resserré : 81 600 followers contre 157 786 followers à l’époque ; 110 600 contre 183 700 désormais.

Pour point de repère, selon une étude datant de 2010, les 3,7% des comptes les plus populaires ont une moyenne de 3 207 abonnés (pour 1 144 abonnements). Barack Obama est quant à lui suivi par 12,85 millions de personne, et Lady Gaga par plus de 20 millions de comptes, mais on s’éloigne du sujet.

L’autoproclamé “geek” @Bayrou est le troisième homme, du moins sur Twitter, avec 75 709 followers. On retrouve derrière une triplette Eva Joly-Dominique de Villepin-Marine Le Pen, dont les followers plafonnenent respectivement à 45 850 followers, 39 668 et 37 270. Dommage que les parrainages ne se ramassent pas autant à la pelle.

Un cran encore en-dessous, se disputent Jean-Luc Mélenchon (18980 followers), Nicolas Dupont-Aignan (14 386 followers) et Corinne Lepage (11985 followers).

Sont complètement dans les choux, Jacques Cheminade, 316 followers et Nathalie Arthaud, 288 followers. Quant à Philippe Poutou, avec ses quelques 1 963 abonnés, il totalise 2,5 fois moins qu’Olivier Besancenot, son prédécesseur, dont le dernier tweet remonte au 5 mars… 2009.

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Kiki qu’a la plus quali ?

Avoir des followers, c’est bien, avoir des followers actifs, c’est encore mieux. Sur Twitter, l’oeuf est le signe qui ne trompe pas. Attribuée comme avatar par défaut, la coquille stylisée indique bien souvent que le compte qui l’arbore est soit un petit nouveau, soit un robot. En bref, un twitto non humain ou un utilisateur mou du tweet. De quoi relativiser les performances ci-dessous.

Reine des oeufs à l’unanimité, Eva Joly, dont la cour à la coque représente 67% de ses abonnés. Pour Marine Le Pen et les deux François en lice, les eggs constituent presque un follower sur deux. La proportion est encore d’un tiers pour Villepin quand Mélenchon, Dupont-Aignan, Arthaud et Sarkozy se contentent d’un quart. Poutou, Cheminade et Lepage ont la couvée la plus infructueuse, avec seulement 15% d’oeufs sur tous les abonnés.

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Twittos dédaigneux et incohérent

À la guerre comme à la guerre, les twittos candidats se suivent très peu les uns les autres. Quatre d’entre eux ne suivent et ne sont suivi par personne. Jacques Cheminade et Nathalie Artaud, de façon logique puisqu’ils n’attirent pas particulièrement l’attention, et Marine Le Pen, pestiférée dans la vie politique comme sur Twitter, ainsi que Nicolas Sarkozy.

Les moins dédaigneux, François Hollande et Dupont-Aignan, ne suivent que trois rivaux. Quant à chercher de la cohérence dans le choix des personnes suivies… François Hollande suit Villepin, Poutou et Dupont-Aignan, Dupont-Aignan suit Bayrou, Corinne Lepage et François Hollande. Eva Joly est quant à elle plus cohérente, puisqu’elle file les tweets de sa rivale écolo Corinne Lepage, ainsi que ceux des deux principaux candidats de gauche, François Hollande et Jean-Luc Mélenchon.

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http://owni.fr/files/2012/03/twittos-2-qui-suit-qui-twitter-presidentielle-candidats-CC-owni-Marion-Boucharlat-gformat.jpg

Les candidats parlent aux journalistes au peuple

Pour aller à la rencontre du peuple, mieux vaut serrer des mains sur les marchés qu’avoir un compte Twitter. C’est ce qui ressort d’une analyse des profils des followers selon deux méthodes : une première sur une série de mots-clés définissant quatre grands familles (info-communication, politique, techno et étudiants) très présentes sur Twitter. Et toutes les bio ont été passées à la moulinette.

Résultat : il y a une dominante de la famille info-communication, ce qui n’est guère étonnant vu que Twitter est surtout utilisé par ce microcosme en France, contrairement aux États-Unis où son usage s’est rapidement démocratisé.

Passés à la moulinette Wordle , les biographies renseignées par les followers des différents candidats laissent apparaître une sémantique propre à chacun. Que nous laissons ouverte à l’analyse et au commentaire !

Cliquez sur le poster pour le grand format


Enquête data réalisée par Sabine Blanc et Andréa Fradin avec Julien Kirch au développement et Marion Boucharlat au graphisme /-)
Edition Ophelia Noor et Guillaume Ledit /-)

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http://owni.fr/2012/03/08/twitter-candidat/feed/ 11
Le “lulz” perdu des Anonymous http://owni.fr/2012/02/29/anonymous-et-le-lulz-bordel/ http://owni.fr/2012/02/29/anonymous-et-le-lulz-bordel/#comments Wed, 29 Feb 2012 13:19:03 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=100053 OWNI. Une partie des Anonymous français s'est exprimée récemment dans le cadre d'une conférence de presse. Un procédé de communication hyper convenu et en contradiction avec l'essence du mouvement. Tribune. ]]>

Ce mercredi, Le Mouv organise une journée spéciale Anonymous, en partenariat avec OWNI, pour tenter de mieux comprendre ce mouvement aux contours par essence mouvants. Pour suivre depuis quelques temps déjà les Anons avec un oeil attentif, je pensais avoir les idées claires sur le sujet. Jusqu’à la récente opération communication d’une partie des Anons français, qui m’a laissée perplexe.

Historiquement, les Anonymous ont le lulz dans l’ADN, cet humour potache parfois aux limites du bon goût, comme l’a théorisé l’anthropologue spécialiste ès Anonymous Biella Coleman. Votre berceau, rappelle-t-elle, ce sont les bas-onds féconds du bazar Internet, le fameux forum 4chan et son infréquentable board /b/.

Féconds parce qu’ils ont donné naissance à un mouvement politique qui enquiquine bien les gens tout en haut qui voudrait que l’Internet ressemble à une cathédrale, pour reprendre la célèbre métaphore de Eric S Raymond, toutes ces majors attachées au droit d’auteur comme l’arapette à son rocher, ces dictateurs qui filtrent le Net pour mieux opprimer leur peuple, voire ces démocraties à la botte desdites majors. Vous incarnez la nouvelle génération de hackers, comme le raconte la chercheuse Danah Boyd, celle qui détourne l’attention médiatique, enjeu crucial dans notre société de l’information.

Conférence de presse dans les locaux d'Owni via chat IRC le vendredi 24 février 2012 avec Pierre Breteau (France Info), Pierre Alonso (Owni), Amaëlle Guiton (Le Mouv'), Antonin Chilot (Le Parisien)

Le problème, ces derniers temps, chers initiateurs de cet opé com’, c’est que le lulz, c’est vous qui le provoquez, justement par manque de lulz. Naguère, nous avions ce genre d’échanges pour moquer nos confrères du type “employé par un grand média national” qui avaient du mal la nature fluctuante du mouvement et nous demandaient un contact (ce qui suit est un authentique copié collé de mails) :

- Nous sommes invités à choisir pour la production une personne issue des Indignés (Occupy la défense ?) et une autre en relation éventuelle avec des vrais Anonymous (genre Kheops ?) pour apporter un témoignage lors de l’émission.

- J’ai le mail de l’attaché de presse des anonymous si ça vous intéresse, ils sont chez Ogilvy.

Et voilà t’y pas que quelqu’un qui se présente en plaisantant comme “l’attaché de presse des Anonymous France” nous contacte. Mais dans les faits, c’est bien comme un attaché de presse qu’il va se comporter, en relayant les demandes plutôt exigeantes du groupe d’Anonymous.
Structurer, qu’il disait. Cinq rédactions triées sur le volet (Le Mouv’, Le Parisien, France Info, la boite de production Code 5 Production, et OWNI), réunis dans nos locaux, et des échanges interminables, tout ça pour une poignée de questions. Franchement, on dirait Sarko s’exprimant à la télévision. Je cite :

“Le protocole était défini plusieurs jours à l’avance. Sur un canal de discussion en temps réel sécurisé (un canal IRC) était réunis cinq journalistes et un coordinateur. Sur un autre canal, les Anonymous français.” [...]

“Début février, un mail est envoyé à un journaliste d’OWNI depuis une étonnante adresse sur yahoo.fr, un service pas vraiment réputé pour être très sécurisé. Contacts pris, il ne s’agit pas d’un faux, mais de l’adresse qu’utilise le fameux coordinateur. Lors du premier échange par téléphone, lundi 13 février, il raconte avoir découvert le collectif après l’affaire MégaUpload. Curieux, il est allé à la découverte du collectif en trainant sur les canaux de discussions. “L’attaché de presse des Anonymous”, comme il se décrit avant de partir dans un éclat de rire, a proposé d’aider les membres francophones à structurer leur prise de parole.”

Amaëlle Guiton (Le Mouv) et Pierre Alonso (Owni) pendant la conférence de presse dans les locaux d'Owni via chat IRC le vendredi 24 février 2012

Alors j’ai prétexté que la vie était brève, a fortiori quand on habite à côté d’une antenne-relais et qu’on roule à vélo comme moi, pour refuser de jouer ce petit jeu. Où est passée l’auto-dérision qui faisait votre charme ? Le poisson insaisissable, si jouissif dans notre époque obsédée par le classement, les petites croix dans les tableaux, les étiquettes et autres passeports biométriques ? Là vous vous présentez en banc consensuel. Vous rentrez dans le rang, vous rentrez dans la cour des grands médiatiques de ce monde :

Le mouvement gagnant en ampleur, celui-ci veut naturellement gagner en visibilité et se séparer de son image principale de hackers.

Se séparer de son image de hackers, alors que les hackers font partie des rares sources d’espérance politique avec vos cousins des mouvements Occupy ?

En un mot comme en cent, chers Anonymous-français-qui-vous-exprimez-d’une-voix, vous devenez aussi ennuyeux qu’un homme politique de base, soucieux de régler sa comm’ comme de la ligne de code. Vous vous en tirez d’ailleurs très bien, il n’y a pas un poil qui dépasse. À ce rythme-là, à la prochaine présidentielle, on vous retrouvera à la tête du volet numérique d’un candidat.


Photos par Ophelia Noor pour Owni /-)
illustration #operationpaperstorm/anonymous

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http://owni.fr/2012/02/29/anonymous-et-le-lulz-bordel/feed/ 105
Une campagne pas très net http://owni.fr/2012/02/21/une-campagne-pas-tres-net/ http://owni.fr/2012/02/21/une-campagne-pas-tres-net/#comments Tue, 21 Feb 2012 19:29:10 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=99355

“Sarkozy : une entrée en campagne fracassante”. La manchette tapageuse du dernier Figaro week-end pourrait tout aussi bien coller au web. Depuis que celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le nom s’est officiellement déclaré candidat à sa réélection, le 15 février dernier, l’Internet français (aussi) s’est emballé. Et n’entend plus parler que de lui : Nicolas Sarkozy sur Facebook, Nicolas Sarkozy sur Twitter, Nicolas Sarkozy ad libitum. Des débuts assourdissants. Ni marrants, ni réellement emballants. Entre mini-polémiques et passes d’arme, la campagne sur le réseau rase le sol, plus proche du caniveau que de la haute expertise en matière d’interouèbe.

Flux de polémiques

Facebook aime Nicolas Sarkozy

Facebook aime Nicolas Sarkozy

Facebook est accusé par le Parti socialiste de favoriser le candidat Sarkozy en le conseillant pour sa campagne. Un coup de ...

Tout a commencé avec la vraie-fausse affaire d’État mouillant Facebook et l’Élysée. La firme américaine s’est retrouvée sous le feu socialiste, accusée d’avoir tout mis en œuvre afin que le président sortant soit le premier candidat français à lancer sa “timeline”, le chemin de vie made in Facebook, en ses temps électoraux. Si François Hollande n’a pas pâti de ce favoritisme présumé, les relations resserrées du Palais et des équipes du réseau social sont depuis longtemps avérées. Et semblent bel et bien avoir entravé la créativité d’autres prétendants au fauteuil présidentiel, tel Dominique de Villepin.

Au-delà de son aspérité formelle, le “timelinegate” révèle sur le fond l’image que les équipes de la webcampagne sarkozyste se font d’Internet et de ses usages. Aseptisée. Pas faute de s’être entouré de spécialistes : deux équipes web à l’UMP et au QG du candidat, qui compte l’ancien conseiller numérique de la présidence, Nicolas Princen. Le tout appuyé par une agence de communication digitale, emakina. Un “panzer numérique” dont l’expertise semble en décalage avec les cultures numériques.

Sur Facebook, un profil présidentiel où l’interaction se limite aux seuls “j’aime”. Commentaires persona non grata. Sur Twitter, aujourd’hui dans le viseur médiatique, un compte @NicolasSarkozy rapidement “vérifié” (une procédure fermée au grand public), qui fait l’album de campagne du candidat. Et qui simule une certaine proximité avec les internautes, en signant quelques messages “NS”, pour Nicolas Sarkozy. Y compris au beau milieu d’un déplacement à Annecy, où il aurait réussi à causer avec la Maison Blanche “via web” (autrement dit, pas sur son téléphone) entre le fromage et le dessert.

Un compte qui a aussi fait table rase des usurpateurs. En clair : tout est propre, tout est cadré. Rien ne dépasse.

Au QG de campagne, on ne se cache pas d’être intervenu sur Twitter pour faire un peu le ménage. Interrogé par OWNI, un membre de l’équipe s’empresse néanmoins d’assurer n’avoir signalé au site “que les comptes qui ont repris l’orthographe exacte de ‘Nicolas Sarkozy’ sans préciser leur contenu parodique”. “Au nom de la transparence que l’on doit aux internautes” ajoute-t-il. Drôle de conception pour un réseau foutraque comme Twitter, où les profils sérieux côtoient les plus absurdes, et où les faux comptes parodiques y poussent en paix comme des champignons.

Dans son règlement, Twitter précise intervenir si des imitations sont susceptibles “d’induire en erreur, de prêter à confusion ou de tromper autrui”, afin de se préserver de toute usurpation d’identité. Et pour peu qu’on lui signale. Mais n’en accepte a priori pas moins l’art du pastiche.

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

Internet is serious business

Problème : les comptes récemment fermés par Twitter étaient soit manifestement parodiques (@_NicolasSarkozy), soit satiriques et hostiles à la politique du président sortant (@sarkocasuffit ou @mafranceforte). Au QG de Nicolas Sarkozy, on dément formellement être intervenu pour la fermeture de ces comptes. Un étrange hasard attribué à l’action de certains militants, qui auraient signalé en masse les profils incriminés via la procédure “report as spam”. “On respecte les règles du jeu, poursuit-on du côté de la rue de la Convention, la culture Internet, c’est aussi la parodie. On la joue à la régulière.”

Régulière ou pas, la fermeture de comptes ambigus atteste déjà de la communication strictement bordée du candidat Sarkozy sur Internet. Exit les autres contenus : les internautes sont soumis à l’injonction de consommer le seul flux officiel et labellisé. Et s’il s’avère que l’équipe de campagne a fait fermer des comptes anti-Sarkozy, ses velléités de contrôle s’apparenteront simplement à de la censure.

Certains n’hésitent d’ailleurs pas à employer le terme : ce week-end, le hashtag #sarkocensure a fleuri sur Twitter à la suite de la suppression de ces comptes. Les explications données par le site aux utilisateurs lésés ne faisant que renforcer les soupçons de partialité. Ainsi le propriétaire du compte @_NicolasSarkozy, créé en 2010 et pourtant décrit comme “compte parodique”, s’est vu accusé par la firme américaine de “commettre une usurpation d’identité non parodique.” Devant la levée de bouclier, il a finalement été réactivé.

Je te censure, moi non plus

Il n’en fallait pas moins pour que le PS s’engouffre dans la polémique. Dans un communiqué, une porte-parole de François Hollande a aujourd’hui dénoncé la fermeture de ces comptes, en rappelant l’attachement du candidat à “un Internet neutre”. Sans que des propositions concrètes aient encore été proposées en ce sens, la responsable numérique du PS Fleur Pellerin gardant le silence sur le sujet.

La veille, l’affaire tournait à la guéguerre entre socialistes et sarkozystes. Par articles interposés, chacun a joué au petit jeu du “je te censure, moi non plus”. Matthieu Creux, militant UMP affiché, a ainsi affirmé – pièces à l’appui – que le compte parodique @droledegauche, dont il est à l’origine, avait subi les foudres des avocats du PS en août dernier. Une action qui atteste selon lui “d’une volonté forte de la part du Parti Socialiste de vouloir faire taire l’humour politique sur Internet.” Réponse du berger à la bergère sur le site du Nouvel Obs, où l’un des responsables web de Solferino, Émile Josselin, explique que le compte @droledegauche était allé trop loin, justifiant ainsi d’entamer une démarche juridique :

D’un compte militant de droite à l’humour discutable, mais finalement de bonne guerre, on bascule soudain dans la volonté de nuire délibérée.

Ces derniers jours, c’est le “google bombing” qui monopolisait les observateurs de la campagne présidentielle sur Internet. La manœuvre, qui consiste à lier sur Google un ou des mots clés à un site Internet, a d’abord visé le candidat Hollande : l’expression “incapable de gouverner” renvoyant à son site de campagne. Puis le site de l’UMP, auquel a été lié les mots “on va tuer la France”.

Sarkozy détourné de son image

Sarkozy détourné de son image

Sitôt publiée, l'affiche de campagne de Nicolas Sarkozy a été détournée. André Gunthert, chercheur sur l'image et le ...

Il y a cinq ans, la campagne s’était illustrée par la prolifération de ce genre de coups bas sur Internet. Interrogés dans le cadre de l’enquête Partis en ligne, les responsables web de l’UMP comme du PS nous avaient assurés récuser ces pratiques. Aspirant à une plus grande profondeur, souhaitant éviter les “petites phrases” pour aller vers du contenu de qualité et une relation plus approfondie avec “les internautes”. Nous étions alors en octobre, à l’orée de la campagne. Qui a déjà de faux airs de 2007.

Et pendant ce temps-là, les internautes sont morts de rire. Dès sa mise en ligne, ils se sont emparés de l’affiche de Nicolas Sarkozy. La détournant à l’envi et se poilant en chœur, bien loin de ces bisbilles de communicants.

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http://owni.fr/2012/02/21/une-campagne-pas-tres-net/feed/ 12
Sarkozy détourné de son image http://owni.fr/2012/02/19/sarkozy-detourne-de-son-image/ http://owni.fr/2012/02/19/sarkozy-detourne-de-son-image/#comments Sat, 18 Feb 2012 23:25:34 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=99004

Selon la formule célèbre du livre Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, de Karl Marx, les grands événements historiques se répètent, “la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.” Cette fois, c’est sûr, on est dans la farce.

Telle était du moins l’impression que produisait l’accueil de l’annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy aux prochaines présidentielles sur les réseaux sociaux. Pendant qu’une grande partie de la presse s’efforçait de nous convaincre que les choses sérieuses allaient enfin commencer, les outils de l’appropriation s’emparaient du slogan et de l’affiche de campagne pour une série de détournements dévastateurs.

Un slogan giscardien, une affiche mitterrandienne: les communicants sarkozystes ne brillent pas par leur imagination. La seule tentative qui sortait de la routine était celle de décliner la métaphore du capitaine courage, utilisée par le candidat lors de son allocution télévisée. Mais l’option du fond marin pour habiller l’image était un choix risqué, véritable appel du pied aux blagues et au second degré après l’échouage du Costa Concordia ou la proximité de la sortie du film La mer à boire.

Ça n’a pas raté. Avec une réactivité significative, les premiers détournements mettaient en scène Sarkozy en capitaine naufrageur (voir ci-dessus), suivis de près par le baigneur naturiste du catalogue La Redoute.

A l’époque mitterrandienne, la présence d’un fond uni ou d’un emplacement vide était un choix visuel sans risque particulier. A l’ère du mème et de la retouche, c’est une provocation à la satire. La simplicité graphique de l’affiche La France forte, composée de 3 éléments nettement distincts – le personnage, le slogan et le fond – se prête admirablement à l’appropriation. Constatant le succès du mème, le mouvement des Jeunes socialistes proposait dès le milieu de la matinée un générateur automatique permettant de modifier le slogan ou d’appliquer diverses variations à l’image.

Outre “la France morte”, on a pu noter le succès récurrent de l’adaptation culinaire du slogan, remixé en “Francfort”, allusion à l’empreinte du modèle germanique qui hante la candidature Sarkozy (voir ci-dessus).

Que le net s’empare d’un contenu politique et le détourne, quoi de plus normal ? Mais on n’a pas constaté pareille explosion satirique à l’endroit de François Hollande, dont la campagne, si elle peine à soulever l’enthousiasme, ne provoque pas non plus d’opposition massive. La rage mordante de la caricature s’adresse bien au président sortant, dont le moindre discours paraît définitivement inaudible, menacé par l’inversion et la raillerie. Révélateur de l’exaspération qu’il suscite, le sarcasme le plus cruel a consisté à mimer l’effacement du candidat sur sa propre affiche, jusqu’à la disparition (voir plus haut).

L’écart est frappant entre cet accueil et le sérieux avec lequel la plupart des grands médias continuent de considérer une campagne menacée par le naufrage avant même d’avoir commencé. Qui, à part Alain Duhamel, croit encore que Sarkozy est capable de rééditer Marengo et de l’emporter in extremis par un retournement inouï ? Mais le storytelling d’un combat gagné d’avance ne fait pas les affaires de la presse, qui attend depuis des mois le pain béni de la présidentielle, et qui fera tout pour donner à des chamailleries de cour de récréation les couleurs d’affrontements homériques.

Pendant ce temps, la France ricane, et s’amuse plus sur Facebook que dans les mornes sujets du JT. Une divergence de perception qui rappelle le traitement de l’affaire DSK – et n’annonce rien de bon pour la suite…


Cet article, que nous rééditons ici, a été initialement publié sur Culture Visuelle

Crédits Photos CC FlickR André Gunthert

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Facebook aime Nicolas Sarkozy http://owni.fr/2012/02/15/nicolas-sarkozy-candidat-facebook-timeline-presidentielle/ http://owni.fr/2012/02/15/nicolas-sarkozy-candidat-facebook-timeline-presidentielle/#comments Wed, 15 Feb 2012 20:46:16 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=98680 Nicolas Sarkozy est en campagne. Info qui ne vous aura pas échappée tant l’artillerie lourde a (déjà) été déployée en termes de communication. Y compris sur Internet. Aujourd’hui, c’est Twitter qui en a fait les frais : en lançant son compte officiel, le président sortant a fait une razzia. Plusieurs milliers d’abonnés en quelques heures. Quelques jours plus tôt, il réécrivait son histoire sur Facebook, à l’aide d’une drôle de timeline, nouvelle façon de mettre en page un compte sur le réseau social. Petit ramdam de webcampagne qui a tourné à la grosse affaire : l’entreprise américaine est aujourd’hui suspectée de courir pour le poulain Sarkozy. Pas forcément à tort.

Une “aide technique et intellectuelle”

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

A l’origine de l’accusation, le clan de François Hollande : c’est Fleur Pellerin, la responsable du pôle numérique, qui a dégainé la première. Dans un mail adressé à des représentants de Facebook France, elle juge “inacceptable” l’implication du réseau social “dans la campagne présidentielle française”, évoquant une “aide technique et intellectuelle” rendue aux équipes de Nicolas Sarkozy. Faveurs dont n’aurait pas bénéficié François Hollande.

Un échange dont le chroniqueur Frédéric Martel, proche du Parti Socialiste, s’est fait le relais dans L’Express. Dans un article publié hier, il revient longuement sur ces supposées liaisons dangereuses qu’entretiendraient l’Élysée et Facebook. Dans le viseur : Nicolas Princen, le monsieur numérique de la présidence, et Emakina, l’entreprise en charge de la communication de l’UMP sur Internet, qui aurait également raflé le contrat du candidat Sarkozy pour la campagne. Tout deux auraient bénéficié de sérieux coups de pouce de la firme américaine pour la mise en place de la fameuse timeline :

l’entreprise aurait mis à la disposition de l’Élysée ou de l’UMP des conseillers pour prendre en main les nouvelles fonctionnalités – aide dont aucun candidat à la présidentielle n’a pu bénéficier. L’équipe de Nicolas Princen à l’Élysée aurait ainsi travaillé directement avec Facebook pendant plusieurs mois pour élaborer cette Timeline.

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Cette fonctionnalité a été officiellement présentée par Facebook à un public de développeurs le 22 septembre 2011. Frédéric Martel écrit que les équipes de Nicolas Sarkozy planchaient sur le projet dès “septembre”, sous-entendant une antériorité mais sans donner plus de précisions sur la date. Une avance qui aurait donné un sacré coup de booster à la webcampagne, alors en préparation, du président sortant, dont les équipes du Parti Socialiste se plaignent de ne pas avoir bénéficié. Sans pour autant en pâtir directement.

L’équipe de la campagne web de François Hollande nous assure en effet ne pas avoir été intéressée par ce type de fonctionnalité, préférant au storytelling la mise en place d’outils de mobilisation. Par ailleurs, une telle page Facebook ne nécessite pas d’intervention particulière des équipes techniques du site. Des milliers de particuliers ont choisi faire “basculer” leur profil sur cette mise en page depuis décembre. “L’affaire” est donc moins une question de préjudice avéré que de principe ; rien ne dit que Facebook n’aurait pas tout autant aidé au développement d’une timeline pour le candidat socialiste. Si la polémique semble quelque peu montée en épingle, les accointances entre le Palais et une partie des équipes de Facebook France sont bien réelles.

Palo Alto et Sarko sont dans un bateau

S’il les dément officiellement, Nicolas Princen se vanterait en coulisse d’avoir d’excellentes relations avec Palo Alto, siège du réseau social. Qui pèseraient déjà pour 2012. Il est également très proche de Julien Codorniou, directeur des partenariats de la firme en France. Contactés par OWNI, les deux jeunes hommes gardent le silence, Julien Codorniou se contentant de renvoyer vers le cabinet de lobbying Apco, qui gère la communication de Facebook France, et assure “partager les mêmes informations avec toutes les personnalités publiques qui souhaitent utiliser Facebook [...]. En toute impartialité.” En interne, en revanche, la situation fait grincer des dents. Et les informations du PS ne sont pas forcément démenties.
Rien ne semble néanmoins engagé pour tirer ces relations au clair. L’affaire n’est pourtant pas anodine : le code électoral français interdit à “une personne morale de droit étranger” de fournir à un candidat “des contributions ou aides matérielles.”

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En novembre 2010, Facebook serait déjà intervenu en faveur de Nicolas Sarkozy, (voir notre enquête Partis en ligne). A la demande de l’entrepreneur Jean-Baptiste Descroix-Vernier, membre du Conseil National du numérique institué en avril dernier par la Présidence, le site aurait supprimé des contenus, dont certains auraient été jugés particulièrement graves.

Coïncidences troublantes

Si le Parti Socialiste n’a pas directement fait les frais de ce favoritisme supposé, d’autres partis, en revanche, évoquent des coïncidences troublantes.

L’entourage de Dominique de Villepin en particulier nous informe avoir voulu utiliser la fonction timeline dès janvier. Impossible, le profil ayant été bloqué au motif de soupçons d’usurpation d’identité. Envoi d’une copie de la carte d’identité du candidat, mail aux équipes américaines : les démarches répétées de l’équipe de République solidaire n’y feront rien. Le 11 février, Nicolas Sarkozy est le premier homme politique français à utiliser la timeline. Une demie-heure plus tard, le profil de Dominique de Villepin est débloqué. En cause : Anne-Sophie Bordry, lobbyiste France et Europe du Sud de Facebook, qui aurait tardé à donner suite aux sollicitations. Personnalité d’autant plus suspecte qu’elle est passée par les cabinets d’Eric Besson et de Nathalie Kosciusko-Morizet, au temps du Secrétariat d’État à l’Économie numérique, de 2008 à 2010. Réaction laconique de l’intéressée, contactée par OWNI : “tout le monde est traité de la même manière”.

Ce que réfutent d’autres équipes de campagne. Celle de François Bayrou explique que malgré plusieurs rencontres avec Facebook France, elle n’a bénéficié d’aucun conseil visant à la mise en place de la fameuse timeline. Quant au directeur de la communication de Jean-Luc Mélenchon, Arnauld Champremier-Trigano, il ironise sur son profil Facebook : “Je précise à la direction de Facebook que je suis joignable sur mon inbox pour leurs offres de service”.

Au Parti Socialiste, on insiste :

On est assez troublé de la manière dont ça s’est passé et on s’attend à ce que Facebook France s’explique.

Avant de conclure :

Le combat va être rude, et à tous les niveaux.

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http://owni.fr/2012/02/15/nicolas-sarkozy-candidat-facebook-timeline-presidentielle/feed/ 23