“Never Let Me Go” est une adaptation du livre de Kazuo Ishoguro (sélectionné pour le Booker Prize) réalisé par Mark Romanek avec Keira Knightley, Andrew Garfield et Carey Mulligan. Il raconte l’histoire de Kathy, Ruth et Tommy, trois amis du pensionnat de Hailsham, où les élèves apprennent à croire qu’ils sont spéciaux et où “la créativité, le sport et une saine hygiène de vie associée à un suivi médical” sont encouragés. Malgré ce régime strict, Hailsham ne semble pas différent des autres pensionnats de la campagne anglaise des années 1970, jusqu’à ce que la sombre vérité soit révélée par l’un des professeurs. Les élèves sont en fait des clones créés par le gouvernement pour alimenter le Programme National de Dons : leur destin, une fois adultes, est de donner leur organes puis mourir. Ces clones peuvent penser, sentir et souffrir comme tout être humain.
Le film se concentre sur le triangle complexe amour-amitié-jalousie liant ces trois amis qui partagent le même sort.
Dans cette histoire, il est question de moralité et de comment les gens font face à leur destin, raconte Kazuo Ishiguro lors de la conférence de presse. Je pense que cette histoire tente d’éclairer positivement la nature humaine. Essayer de dire de la manière la plus convaincante qui soit que lorsque les gens se sentent piégés et que le temps leur échappe, certaines choses deviennent importantes comme l’amitié et l’amour.
Pourtant, ce qui frappe le plus dans ce film ce n’est pas le triomphe des sentiments humains sur une société où la science a fait main basse sur l’éthique et l’humanité, mais plutôt le sentiment de résignation et d’acceptation de ce qui semble être un monstruosité cautionnée par l’État.
Les personnages montrent peu de signes de rébellion et on ne peut deviner s’il y a une quelconque résistance au système à l’extérieur. Tout et tout le monde semble tout à fait normal. Les enfants n’ont pas le moindre signe de choc ou de vertige lorsqu’on leur apprend la vérité à propos de leur destin. Ils ne tentent même pas de s’échapper une fois devenus adultes et conscients d’avoir une “âme” et des émotions.
C’est cette étrange normalité, qui imprègne l’atmosphère tout au long du film, qui vous fait vous demander si nous avons réellement besoin d’un scénario de science-fiction, tel qu’une découverte médicale révolutionnaire, pour imaginer un monde qui aurait perdu son sens de l’humanité. La soumission sourde à l’autorité et le manque de pensée critique ne sont-ils pas suffisants pour engendrer une société monstrueuse ?
]]>Never Let Me Go is an adaptation of Kazuo Ishiguro’s Booker Prize-nominated novel, directed by Mark Romanek and starring Keira Knightley, Andrew Garfield and Carey Mulligan. It is the story of Kathy, Ruth and Tommy, three friends from Hailsham boarding school, where pupils are taught to believe they are special and “creativity, sporting activity and a healthy lifestyle, along with regular medical checks” are encouraged. Despite the strict regime, Hailsham doesn’t appear to be different from any middle-class boarding schools in provincial England during the 70s, until a dark truth is revealed by one of the teachers. Pupils are in fact clones created by the government as part of the National Donor Program: their destiny is to become adults, give their organs away and die. These clones happen to think, feel and suffer as any human being do.
The film focuses on the complex triangle of love-friendship-jealousy among the three friends who share the same horrible fate.
The story is about mortality and how people cope with their fate”, said Kazuo Ishiguro during the press conference on Wednesday. “I think this story was trying to put a positive light on human nature. To try and say as convincingly as possible that when people feel they are trapped and their time is running out, the things that become important are things like friendship and love, he said.
Yet, what strikes most in the film is not the triumph of human feelings over a society where science has the upper hand over ethics and humanity, but rather the sense of resignation and acceptance of what seems to be a State-enforced monstrosity.
The characters display few signs of rebellion, and we are not allowed to know whether there is any resistance to the system in the outside world. Everything and everyone appears to be absolutely normal. The children don’t show any sign of shock or vertigo when they are told the truth about their destiny. Nor do they try to escape once they become adults and are aware of having a “soul” and feelings.
It is this strange normality, which pervades the atmosphere throughout the whole movie, that makes you wonder whether we really need a sci-fi scenario such as a revolutionary medical breakthrough to imagine a world that has lost its sense of humanity. Are muted submission to authority and the lack of critical thinking not enough to generate a monstrous society? Perhaps we don’t have an Hailsham school, but we did have Auschwitz.